Jules Breton

  • A Louis Cabat.

    C'est un humble fossé perdu sous le feuillage ;
    Les aunes du bosquet les couvrent à demi ;
    L'insecte, en l'effleurant, trace un léger sillage
    Et s'en vient seul rayer le miroir endormi.

    Le soir tombe, et c'est l'heure où se fait le miracle...

  • L'orage s'ammoncèle et pèse sur la dune
    Dont le flanc sablonneux se dresse comme un mur.
    Par instants, le soleil y darde un faisceau dur
    De rayons plus blafards qu'un blême éclat de lune.

    Les éclairs redoublés tonnent dans l'ombre brune.
    Le pêcheur lutte et cherche...

  • À José-Maria de Heredia.

    I

    J'aime mon vieil Artois aux plaines infinies,
    Champs perdus dans l'espace où s'opposent, mêlés,
    Poèmes de fraîcheur et fauves harmonies,
    Les lins bleus, lacs de fleurs, aux verdures brunies,
    L'oeillette, blanche écume, à l'...

  • A Jules Dupré.

    La rivière s'écoule avec lenteur. Ses eaux
    Murmurent, près du bord, aux souches des vieux aulnes
    Qui se teignent de sang ; de hauts peupliers jaunes
    Sèment leurs feuilles d'or parmi les blonds roseaux.

    Le vent léger, qui croise en mobiles...

  • La glèbe, à son réveil, verte et toute mouillée,
    Autour du bourg couvert d'une épaisse feuillée
    Où les toits assoupis fument tranquillement ;
    Dans la plaine aux replis soyeux que rien ne cerne,
    Parmi les lins d'azur, l'oeillette et la luzerne,
    Berce les jeunes blés...

  • La neige - le pays en est tout recouvert -
    Déroule, mer sans fin, sa nappe froide et vierge,
    Et, du fond des remous, à l'horizon désert,
    Par des vibrations d'azur tendre et d'or vert,
    Dans l'éblouissement, la pleine lune émerge.

    A l'Occident s'endort le radieux...

  • À Gabriel Marc.

    La nuit se mêle encore à de vagues pâleurs ;
    L'étoile naît, jetant son reflet qui se brouille
    Dans la mare dormante où croupit la grenouille.
    Les champs, les bois n'ont plus ni formes ni couleurs.

    Leurs calices fermés, s'assoupissent les...

  • Les hommes sont aux champs et chaque maison vide,
    Muette et close aux feux étouffés du soleil,
    Sous le poids lourd d’un ciel à l’ardoise pareil,
    S’endort dans la torpeur de son ombre livide.

    Miroitement aigu dans ce calme de mort,
    La tuile qui reluit a des éclairs...