J’ai lu, je ne sais où, la légende amoureuse
De Raymond Lulle. On dit qu’un jour il rencontra
Une femme fort belle, et l’amour pénétra
Dans son cœur calme et vint troubler sa vie heureuse.
Il quitta, comme Faust, la route ténébreuse
De l’austère science, et son amour dura
Jusqu’au jour où l’objet qu’il aimait lui montra
Un sein que...
SALUT, César ! Pour toi les pâles Destinées
Comptent-elles les jours, les mois ou les années ?
Pour un brave la mort n’est rien :
Tu l’affrontas jadis sur les champs de carnage ;
A présent, tu l’attends sans peur, étant un sage.
Tu te meurs, ― et tu le sais bien.
Certes, des caps bretons au fond des steppes russes,
Tous les...
X
Si vous continuez d'être ainsi toute pâle
Dans notre air étouffant,
Si je vous vois entrer dans mon ombre fatale,
Moi vieillard, vous enfant ;
Si je vois de nos jours se confondre la chaîne,
Moi qui sur mes genoux
Vous contemple, et qui veux la mort pour moi prochaine,
Et lointaine pour vous ;
Si vos mains...
Avec ses sanglots, l’instrument rebelle,
Qui sent un pouvoir plus fort que le sien,
Donne l’harmonie enivrante et belle
Au musicien.
Le cheval meurtri, qui saigne et qui pleure,
Cède au cavalier, rare parmi nous,
Dont aucun effort ne peut avant l’heure
Lasser les genoux.
De...
Douze longs ans ont lui depuis les jours si courts
Où le même devoir nous tenait côte à côte !
Hélas ! les passions dont mon cœur s’est fait l’hôte
Furieux ont troublé ma paix de ces bons jours ;
Et j’ai couru bien loin de nos calmes séjours
Au pourchas du Bonheur, ne trouvant que la Faute ;
Le vaste monde autour de ma fuite trop haute
Fondait en...
Tous les Espagnols sont rois ! —
Noble Ibérie,
Sainte patrie,
La Lyre, autant que la Croix,
La forte épée,
Au ciel trempée,
Sont à toi, sol de guerriers,
Terre Ibérique,
Peuple héroïque,
Nation de Chevaliers ! —
Soldats ascètes
Guerriers poètes,
Preux défenseurs de la Croix,
Tous les Espagnols sont rois ! —...
Tu ne dors pas, souffle de vie,
Puisque l'univers vit toujours !
Sa sainte haleine vivifie
Les premiers et les derniers jours.
C'est toi qui répondis au Verbe qui te nomme,
Quand le chaos muet tressaillit comme un homme
Que d'une voix puissante on éveille en sursaut ;
C'est toi qui t'agitas dans l'inerte matière,
...
(Ode XI, liv. I)
Leuconoë, ne cherche pas à deviner
Quelle fin les dieux ont bien pu nous destiner :
Le savoir ne ferait le bonheur de personne ;
N’interroge pas les calculs de Babylone.
Oh ! qu’il serait préférable de s’incliner,
Quoi qu’il arrive, soit que le ciel nous accorde
De revoir plusieurs fois les neiges de l’hiver,...
IX
Athée ? entendons-nous, prêtre, une fois pour toutes.
M'espionner, guetter mon âme, être aux écoutes,
Regarder par le trou de la serrure au fond
De mon esprit, chercher jusqu'où mes doutes vont,
Questionner l'enfer, consulter son registre
De police, à travers son soupirail sinistre,
Pour voir ce que je nie ou bien ce que...