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    O sommets de Taygète, ô rives du Pénée,
    De la sombre Tempé vallons silencieux,
    Ô campagnes d’Athène, ô Grèce infortunée,
    Où sont pour t’affranchir tes guerriers et tes dieux ?

    Doux pays, que de fois ma muse en espérance
    Se plut à voyager sous ton ciel toujours pur !
    De ta paisible mer, où Vénus prit naissance,
    Tantôt du haut des monts je...

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    J’errais aux campagnes de Rome,
    Et, promenant au loin mes pas silencieux,
    Je lisais le néant de l’homme
    Écrit de toutes parts sur ce sol glorieux.

    ...

  • Quand Vénus au reflet d’opale
    Brillera de loin sur nos fronts,
    Quand viendra l’heure, nous irons,
    Comme au hasard, dans le soir pâle.

    Je marcherai dans les sillons,
    Tu t’en viendras par la prairie ;
    Moi, sous un vol impur qui crie,
    Toi, sous l’essaim des papillons.

    Tu suivras le sentier qui chante
    Au crépuscule doucement ;
    Je...

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    « Et des larves de murs
    sous des spectres de tours. »
    VICTOR HUGO

    J’ai vu comme l’on voit quelquefois dans un rêve,
    Une immense Cité près d’une immense grève,
    Avec des dômes d’or et des palais géants,
    Des temples incrustés de mille diamants,
    Que quatre grands Lions aux roussâtres crinières,
    Menaçant le soleil de leur...

  • Quelquefois je suis plein de grandes voix anciennes,
    Et je revis un peu l’enfance en la villa ;
    Je me retrouve encore avec ce qui fut là
    Quand le soir nous jetait de l’or par les persiennes.

    Et dans mon âme alors soudain je vois groupées
    Mes sœurs à cheveux blonds jouant près des vieux feux ;
    Autour d’elles le chat rôde, le dos frileux,
    Les regardant...

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    Allah ! qui me rendra ma formidable armée ?...
    Victor Hugo, La Bataille perdue.

    Aux champs de la Tauride, il est une colline
    D'où l'oeil voit, en suivant la route qui s'incline,
    Sébastopol la forte, assise à l'horizon.
    La noble ville est là, triste, silencieuse;
    Des soldats d'Occident la main victorieuse
    En un jour...

  • Le fleuve qui, libre et tranquille,
    Traîne ses marnes et ses eaux
    Au milieu des pâles roseaux,
    Presse en ses bras une longue île,

    Qui semble un navire échoué
    Par quelque héroïque aventure,
    Perdant sa forme et sa nature,
    Dormeur à l’oubli dévoué.

    Le cri rauque et le vol des grues
    Percent les...

  • À Maurice Nicolle.

    L'illustre ville meurt à l'ombre de ses murs ;
    L'herbe victorieuse a reconquis la plaine ;
    Les chapiteaux brisés saignent de raisins mûrs.

    Le barbare enroulé dans sa cape de laine
    Qui paît de l'aube au soir ses chevreaux outrageux,
    Foule sans frissonner l'orgueil du sol Hellène.

    Ni le soleil oblique au flanc des monts...

  • Mon coeur était jadis comme un palais romain,
    Tout construit de granits choisis, de marbres rares.
    Bientôt les passions, comme un flot de barbares,
    L'envahirent, la hache ou la torche à la main.

    Ce fut une ruine alors. Nul bruit humain.
    Vipères et hiboux. Terrains de fleurs avares.
    Partout gisaient, brisés, porphyres et carrares ;
    Et les ronces...

  • A François Gélard

    J'ai dans l'âme un vieux sanctuaire
    Aux trois quarts, hélas ! ruiné,
    Où, sur un pauvre autel de pierre,
    Des fleurs achèvent de faner.

    J'ai dans l'âme un vieux sanctuaire...
    Voilà beau temps qu'on n'y vient plus,
    Au matin, dire la prière
    Et, le soir, tinter l'angélus.

    Jadis, pareilles à des vierges,
    En de...