Anatole Le Braz

  • A Reine-Anne

    Voici venir vers nous le soir aux yeux de cendre,
    Clairs encor d'un reflet de la braise du jour
    Dans le couchant d'août, ma mie, allons l'attendre,
    Parmi l'or pâlissant de notre été d'amour.

    Nous lui dirons : « Sois pur, soir pacifique et...

  • C'est un soir d'octobre, à Beg-Meil.

    Par les marches de l'étendue,
    Rouges encor d'un sang vermeil,
    La nuit pieuse est descendue
    Pour ensevelir le soleil.

    De ses mains ferventes et pures,
    Elle a couché l'astre vital
    Dans les somptueuses guipures...

  • A Madame E.B.

    Un soir que vous rêviez assise au bord des grèves
    Vint s'étendre à vos pieds un harpeur de Quimper.
    Les rêves qu'il chantait ressemblaient à vos rêves
    Comme le bruit des pins aux rumeurs de la mer.

    Il disait la beauté de la terre océane,
    ...

  • A Maggie

    Octobre m'apparaît comme un parc solitaire :
    Les mûres frondaisons commencent à brunir.
    Et des massifs muets monte une odeur légère,
    Cet arôme plus doux des fleurs qui vont mourir.

    L'étang, les yeux voilés, rêve, plein de mystère,
    Au fantôme...

  • De qui surveillait-il les troupeaux ? On ne sait.

    Mais, chaque soir, à l'heure où le soleil baissait,
    Sur le Roc-Trévézel on le voyait paraître,
    Debout, dans l'attitude immobile d'un prêtre
    En oraison devant l'Esprit de ce haut-lieu...
    Le couchant s'éteignait dans...

  • Monna Keryvel met pour aller paître,
    Pour aller, aux champs, paître ses brebis,
    Avec sa croix d'or qu'a bénite un prêtre,
    Monna Keryvel met ses beaux habits.

    Un doux cavalier s'en vient d'aventure
    Il a " bonjouré " Monna Keryvel ;
    C'est un fils de noble, à...

  • Elle est couchée en son lit clos ;
    Elle dort, elle dort, Tryphine !
    Aussi blonds que la paille fine,
    Ses cheveux coulent à longs flots
    Sur la nacre de sa poitrine.

    Et la cuisine vaste est pleine de sanglots !...

    ***

    On a pour la veillée invité...

  • Du temps que j'étais écolier sauvage
    En un vieux collège aux livres moisis,
    S'en vint jusqu'à moi, s'en vint une page
    D'un recueil tout frais de « Morceaux choisis ».

    Comme l'eau d'avril au creux des fontaines,
    Ainsi le printemps riait dans ces vers.
    Je lus -...

  • Sur les coteaux pâlis flotte une ombre indécise :
    Au portail de la ferme une femme est assise,
    Qui, d'un refrain breton vaguement fredonné,
    Dans ses bras arrondis berce son premier-né ;
    Sous le corsage étroit où s'amincit son buste
    Pointent deux jeunes seins, gonflés d'...

  • A Pauline Ménou

    Dans la nuit noire, recourbée en nef d'église,
    S'inscrivent, par instants, des pâleurs de vitraux
    Qu'une clarté de lune intermittente irise :
    Un vent religieux frissonne sur les eaux.

    Au large de l'Ar-Men solitaire, agonise
    L'âme, lente à...