•  
    ANTOINE CALYBITE.

    Sur la cime ombragée, où tout seul j’ai gravi,
    Mais où d’autres bientôt, sans crainte, m’ont suivi ;
    Au-dessus des cités, que la folie agite :
    Ici, je prie en paix, j’étudie et médite !

      L’esprit bruyant et vain de ce siècle agité,
    C’est l’excentrique esprit de la publicité !
    Ce Siècle d’action, ce Siècle de ...

  •  
    Les fleurs et les oiseaux, tous les êtres créés,
    Dans l’espace infini doucement gradués,
    Ne sont que les degrés, l’échelle par où l’âme
    Remonte au Centre ardent de lumière et de flamme ;
    Au Dieu, que l’œil mystique aperçoit à travers
    L’immuable beauté du changeant univers !
    Pour s’y manifester, oui, Dieu dans la nature
    Règle tout avec poids,...

  • Un poète est un monde enfermé dans un homme.
    Plaute en son crâne obscur sentait fourmiller Rome ;
    Mélésigène, aveugle et voyant souverain
    Dont la nuit obstinée attristait l’œil serein,
    ...

  • J'aurai bientôt quatre-vingts ans :
    Je crois qu'à cet âge il est temps
    De dédaigner la vie.
    Aussi je la perds sans regret,
    Et je fais gaîment mon paquet ;
    Bonsoir la compagnie !

    J'ai goûté de tous les plaisirs ;
    J'ai perdu jusques aux désirs ;
    A présent je m'ennuie.
    Lorsque l'on n'est plus bon à rien,
    On se retire, et l'on fait bien...

  • C'est le premier matin du monde.
    Comme une fleur confuse exhalée de la nuit,
    Au souffle nouveau qui se lève des ondes,
    Un jardin bleu s'épanouit.

    Tout s'y confond encore et tout s'y mêle,
    Frissons de feuilles, chants d'oiseaux,
    Glissements d'ailes,
    Sources qui sourdent, voix des airs, voix des eaux,
    Murmure immense,
    Et qui pourtant est du...

  • Venir à la clarté sans force et sans adresse,
    Et n'ayant fait longtemps que dormir et manger,
    Souffrir mille rigueurs d'un secours étranger
    Pour quitter l'ignorance en quittant la faiblesse :

    Après, servir longtemps une ingrate Maîtresse
    Qu'on ne peut acquérir, qu'on ne peut obliger ;
    Ou qui d'un naturel inconstant et léger,
    Donne fort peu de joie et...

  • Anges, Trônes et Dominations,
    Principaultés, Archanges, Chérubins,
    Inclinez-vous aux basses régions
    Avec Vertus, Potestés, Seraphins,
    Transvolitez des haults cieux cristalins
    Pour decorer la triumphante entrée
    Et la très digne naissance adorée,
    Le saint concept par mysteres tres haults
    De celle Vierge, ou toute grace abonde,
    Decretee par dits...

  • L'on verra s'arrêter le mobile du monde,
    Les étoiles marcher parmi le firmament,
    Saturne infortuné luire bénignement,
    Jupiter commander dedans le creux de l'onde.

    L'on verra Mars paisible et la clarté féconde
    Du Soleil s'obscurcir sans force et mouvement,
    Vénus sans amitié, Stilbon sans changement,
    Et la Lune en carré changer sa forme ronde,
    ...

  • Je touche de mon pied le bord de l'autre monde,
    L'âge m'oste le goust, la force et le sommeil ;
    Et l'on verra bien-tost naistre du sein de l'Onde
    La premiere clarté de mon dernier Soleil.

    Muses, je m'en vay dire au fantosme d'Auguste
    Que sa rare bonté n'a plus d'Imitateurs,
    Et que l'esprit des Grands fait gloire d'estre injuste
    Aux belles passions...

  • Tout le monde se plaint de la cruelle envie
    Que la nature porte aux longueurs de nos jours :
    Hommes, vous vous trompez, ils ne sont pas trop cours,
    Si vous vous mesurez au pied de vostre vie.

    Mais quoy ? je n'entens point quelqu'un de vous qui die :
    Je me veux despestrer de ces fascheux destours,
    Il faut que je revole à ces plus beaux sejours,
    Où...