Misère de l'homme du monde

Venir à la clarté sans force et sans adresse,
Et n'ayant fait longtemps que dormir et manger,
Souffrir mille rigueurs d'un secours étranger
Pour quitter l'ignorance en quittant la faiblesse :

Après, servir longtemps une ingrate Maîtresse
Qu'on ne peut acquérir, qu'on ne peut obliger ;
Ou qui d'un naturel inconstant et léger,
Donne fort peu de joie et beaucoup de tristesse.

Cabaler dans la Cour ; puis devenu grison,
Se retirant du bruit, attendre en sa maison
Ce qu'ont nos derniers ans de maux inévitables,

C'est l'heureux sort de l'homme. Ô misérable sort !
Tous ces attachements sont-ils considérables,
Pour aimer tant la vie et craindre tant la mort ?

Collection: 
1621

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