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    Nature de rêveur, tempérament d’artiste,
    Il est resté toujours triste, horriblement triste.
    Sans savoir ce qu’il veut, sans savoir ce qu’il a,
    Il pleure ; pour un rien, pour ceci, pour cela.
    Aujourd’hui c’est le temps, demain c’est une mouche,
    Un rossignol qui fausse, un papillon qui louche…
    Son corps est un roseau, son âme est une fleur,
    Mais...

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    Tu n’as jamais sondé des yeux l’immensité
    De nos bois giboyeux, de nos fertiles plaines ;
    Notre fier Saint-Laurent n’a jamais reflété
    Ta voile dans les plis de son grand flot bleuté.
    Et tu t’épris pourtant des plages canadiennes.

    Tu chéris le passé qu’avec tant de succès
    Crémazie évoqua sur sa lyre attendrie.
    Notre histoire, là-bas, t’enflamme...

  • Oh ! redis-les encor ces paroles dorées ;
    Rends-nous ces flots si purs qui s’épanchaient sur nous,
    Rends-nous l’écho lointain de ces hymnes sacrées
    Que le chrétien ne doit entendre qu’à genoux.

    Hélas ! qui t’a si jeune enseigné ces mystères
    Et toutes ces douleurs du pauvre cœur humain ?
    Quel génie au milieu des sentiers solitaires
    Au sortir du berceau...

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          Tenir la lumière asservie
          Lorsqu’elle voudrait s’envoler,
               Et voler
          A Dieu le secret de la vie ;

          Pour les mélanger sur des toiles
          Dérober même aux cieux vengeurs
               Leurs rougeurs
          Et le blanc frisson des étoiles ;

          Comme on cueille une fleur éclose,
          Ravir à l’Orient...

  • Alfred, j’ai vu des jours où nous vivions en frères,
    Servant les mêmes dieux aux autels littéraires :
    Le ciel n’avait formé qu’une âme pour deux corps ;
    Beaux jours d’épanchement, d’amour et d’harmonie,
    Où ma voix à la tienne incessamment unie
    Allait se perdre au ciel en de divins accords.

    Qui de nous a changé ? Pourquoi dans la carrière...

  • Non, mon cher, Dieu merci ! pour trois mots de critique
    Je ne me suis pas fait poète satirique ;
    Mon silence n’est pas, quoiqu’on puisse en douter,
    Une prétention de me faire écouter.
    Je puis bien, je le crois, sans crainte et sans envie,
    Lorsque je vois tomber la muse évanouie
    Au milieu du fatras de nos romans mort-nés,
    Lui brûler, en passant, ma...

  • Poëte, dors en paix : l’épreuve est terminée ;
    Les lauriers sur ta tombe ont fleuri jusqu’au bout,
    Mais près d’eux a poussé l’Envie, et chaque année
    Voit naître maintenant quelque sourde menée
    Pour ébranler le socle où ta gloire est debout.

    Ceux-ci, — les plus adroits, pour nuire à cette gloire,
    Quand l’écho t’applaudit font semblant d’être sourds ;
    ...

  • J'ai lu ta vive Odyssée
    Cadencée,
    J'ai lu tes sonnets aussi,
    Dieu merci !

    Pour toi seul l'aimable Muse,
    Qui t'amuse,
    Réserve encor des chansons
    Aux doux sons.

    Par le faux goût exilée
    Et voilée,
    Elle va dans ton réduit
    Chaque nuit.

    Là, penchée à ton oreille
    Qui s'éveille,
    Elle te berce...

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    Poète ! aussi longtemps que marchera la terre
    Dans le vide muet qui n’a pas d’horizon ;
    Tant que l’homme, implorant un climat salutaire,
    Sous la grêle et les vents traînera sa maison,
    Nu, forcé d’inventer le pain, le fer, la flamme,
    L’art de ne pas périr, ses lois et son bonheur ;
    Qu’il frappera son front en y cherchant son âme,
    Et sa poitrine...

  • Hélas ! qui t?a si jeune enseigné ces mystères
    Et toutes ces douleurs du pauvre c?ur humain ?
    Quel génie au milieu des sentiers solitaires,
    Au sortir du berceau t?a conduit par la main ?

    O chantre vigoureux, ô nature choisie !
    Quel est l?esprit du Ciel qui t?emporte où tu veux ?
    Quel souffle parfumé de sainte poésie
    Soulève incessamment l?or de tes...