J'ai lu ta vive Odyssée
Cadencée,
J'ai lu tes sonnets aussi,
Dieu merci !
Pour toi seul l'aimable Muse,
Qui t'amuse,
Réserve encor des chansons
Aux doux sons.
Par le faux goût exilée
Et voilée,
Elle va dans ton réduit
Chaque nuit.
Là, penchée à ton oreille
Qui s'éveille,
Elle te berce aux concerts
Des beaux vers.
Elle sait les harmonies
Des Génies,
Et les contes favoris
Des péris ;
Les jeux, les danses légères
Des bergères,
Et les récits gracieux.
Des aïeux.
Puis, elle se trouve heureuse,
L'amoureuse,
De prolonger son séjour
Jusqu'au jour.
Quand, du haut d'un char d'opale,
L'Aube pâle
Chasse les choeurs clandestins
Des lutins,
Si l'Aurore malapprise
L'a surprise,
Peureuse, elle part sans bruit
Et s'enfuit,
En exhalant dans l'espace
Qui s'efface
Le soupir mélodieux
Des adieux.
Fuis, fuis le pays morose
De la prose,
Ses journaux et ses romans
Assommants.
Fuis l'altière période
A la mode,
Et l'ennui des sots discours,
Longs ou courts.
Fuis les grammes et les mètres
De nos maîtres,
Jurés experts en argot
Visigoth.
Fuis la loi des pédagogues
Froids et rogues,
Qui soumettraient tes appas
Au compas.
Mais reviens à la vesprée,
Peu parée,
Bercer encor ton ami
Endormi.