Dans la chaleur d’un jour d’été,
Non loin d’un ruisseau qui murmure,
À l’abri d’un bois écarté,
Thaïs dormoit sur la verdure.
La voûte épaisse des rameaux
Brisant les traits de la lumière,
Entretenoit sous ces berceaux
Une ombre fraîche et solitaire.
Thaïs dormoit, tous les oiseaux
Immobiles dans les feuillages,
Interrompant...
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Le temps n’a plus d’aîles pour moi ;
Ce vieillard, à pas lents s’avance :
Mes jours s’envoloient près de toi ;
Ils se traînent dans ton absence.
Le soleil ralentit son cours :
Je vois sans cesse la journée,
Où tu partis environnée
Par le cortège des amours.
Les uns, veillant à la portière,
Baissoient les stors officieux,
Pour... -
Un soir d’été, quand l’astre de Vénus
Verse un jour doux sur les fleurs rafraîchies,
Joue à travers les rameaux plus touffus,
Et sert l’amour errant dans les prairies ;
Thaïs, quittant l’ombre de ses berceaux,
Court respirer l’air serein des campagnes,
Et va chercher ses folâtres compagnes
Qui l’attendoient sur le bord des ruisseaux.
Un... -
Dans les bras caressans de la belle déesse,
Le dieu Mars languissoit brûlant et désarmé,
Et, le front rayonnant de la plus douce ivresse,
Il goûtoit à longs traits le bonheur d’être aimé.
Aux lèvres de Cypris son ame suspendue,
Loin de ces jeux sanglans qui font couler nos pleurs,
De transports en transports fugitive, éperdue,
Se reposoit en... -
Toi qui, dans un miroir agréable et fidele,
Présentant l’homme à l’homme, amuses ton modele,
Nous reproduis nos traits, nos mobiles travers,
Et ais, en te jouant, corriger l’univers,
Souris à mes accens, viens, folâtre Thalie,
Échauffe mes leçons du feu de la saillie,
Apprends-moi tes secrets, et ne me cache rien
Des mysteres d’un art,... -
Renversé doucement dans les bras de Thaïs,
Le front ceint d’un léger nuage,
Je lui disois : lorsque tu me souris,
Peut-être sur ma tête il s’élève un orage.
Que pense-t-on de mes écrits ?
Je dois aimer mes vers, puisqu’ils sont ton ouvrage.
Occuperai-je les cent voix
De la vagabonde déesse ?
À ses faveurs pour obtenir des droits,
... -
Le jeune amant de Flore a déployé ses ailes ;
De ses nouveaux baisers naissent les fleurs nouvelles.
Les satires légers, aux accens du haut-bois,
Soulevent, en riant, les nymphes de nos bois.
Voyez-vous ces tritons, dont les desirs avides
Font bouillonner les flots autour des néréides ?
Ils nagent en cadence, et joignant leurs bras nus,
Agitent... -
Que je me plais dans ce séjour !
J’y suis auprès de ma maîtresse.
Quelle clarté vaudroit ce demi-jour !
Ces berceaux, ces gazons, ici tout m’intéresse,
Je ne veux, je ne vois, je ne sens que l’amour.
Belle Thaïs, ô toi que j’idolâtre,
Dans tes bras amoureux quand je tombe éperdu,
Et qu’à tes épaules d’albâtre
Entrelaçant les miens, je... -
Vois, ma Thaïs, cette vigne amoureuse
Se marier à ce jeune arbrisseau ;
Vois le lierre embrasser l’ormeau
De sa guirlande tortueuse.
Puissent tes bras voluptueux
Me serrer, m’enchaîner de même !
Puissé-je par autant de noeuds,
T’enlacer, te presser, te ceindre de mes feux,
Me replier cent fois autour de ce que j’aime,
Et puissions-... -
Pourquoi donc, matrônes austères,
Vous alarmer de mes accens ?
Vous, jeunes filles trop sévères,
Pourquoi redoutez-vous mes chants ?
Ai-je peint les enlèvemens,
Des passions les noirs ravages,
Et ces impétueux orages
Qui naissent aux coeurs des amans ?
Je célèbre des jeux paisibles,
Qu’envain on semble mépriser,
Les vrais bien...