Dans les bras caressans de la belle déesse,
Le dieu Mars languissoit brûlant et désarmé,
Et, le front rayonnant de la plus douce ivresse,
Il goûtoit à longs traits le bonheur d’être aimé.
Aux lèvres de Cypris son ame suspendue,
Loin de ces jeux sanglans qui font couler nos pleurs,
De transports en transports fugitive, éperdue,
Se reposoit en paix sous des voûtes de fleurs.
De folâtres amours endossent son armure ;
D’autres, plus assidus autour de nos amans,
Balancent sur leur tête un berceau de verdure,
Leur ménagent l’abri de cent myrthes naissans,
Et de leur fraîche haleine embaument la nature.
Le ciel est plus serein, la lumière plus pure :
L’air comme un feu subtil coule dans tous les sens.
Et l’onde, qui s’élève avec un doux murmure,
Mêle son jet limpide aux festons du printemps.
Tout-à-coup la trompette sonne ;
On appelle Mars aux combats.
Le tambour bat, et l’airain tonne :
La victoire, une lance au bras,
Offre à l’immortel intrepide
Ses armes d’un acier brillant ;
Son bouclier étincelant,
Où l’honneur qui lui sert de guide,
Trace, en lettres de diamant,
Le nom de ce héros qui triompha d’Armide.
Mars y lit son devoir, et ne résiste plus ;
Des bras de la déesse avec peine il s’arrache ;
Mais dans son casque, où flotte un effrayant panache,
Que trouve-t-il ? Le nid des oiseaux de Vénus.
Leurs becs sont enlacés par le noeud le plus tendre ;
Renfermant dans leurs coeurs tous les feux de Cypris,
De leur aîle amoureuse ils couvrent leurs petits,
Et contre Mars lui-même ils sauront les défendre.
Le dieu s’arrête et demeure enchanté.
Deux colombes sur lui remportent la victoire ;
Il leur sourit avec sérénité,
Et, sourd pour cette fois à la voix de la gloire,
Il se rejette, il tombe au sein de la beauté.
Tous les amours, par l’ordre de leur mère,
Écartent la trompette, et brisent les clairons ;
Les chants sinistres de la guerre
Sont remplacés par des chansons,
Et les plaisirs de deux pigeons
Retardent quelques jours les malheurs de la terre.
Le Casque
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