• Ils ont pour promenoir
    Des vallons verts et mornes.
    Quels prés, matin et soir,
    Ils ont pour promenoir !
    À peine à leur front noir
    On voit poindre les cornes.
    Ils ont pour promenoir
    Des vallons verts et mornes.

    Ils ne peuvent rester
    Une minute en place.
    Où qu’ils soient à brouter,
    Ils ne peuvent rester.
    Aussi font-ils...

  • Qu'aperçoit-on là bas dans l'ombre ? une lueur
    S'élève lourdement du milieu de la place :
    Ah ! c'est le feu qui prend, n'en ayons pas frayeur,
    Aux menus chalumeaux d'une pauvre paillasse ;
    De petits vagabonds déguenillés et noirs,
    Debouts, couchés, assis sur le bord des trottoirs,
    Regardent tristement les rouges étincelles
    Que la bise des nuits emporte...

  •  
    Ô France, ton malheur m'indigne et m'est sacré.
    Je l'ai dit, et jamais je ne me lasserai
    De le redire, et c'est le grand cri de mon âme,
    Quiconque fait du mal à ma mère est infâme.
    En quelque lieu qu'il soit caché, tous mes souhaits
    Le menacent ; sur terre ou là-haut, je le hais.
    César, je le flétris ; destin, je le secoue.
    Je questionne l'...

  • Je n'ai jamais compris l'ambition. Je pense
    Que l'homme simple trouve en lui sa récompense,
    Et le modeste sort dont je suis envieux,
    Si je travaille bien et si je deviens vieux,
    Sans que mon coeur de luxe ou de gloire s'affame,
    C'est celui d'un vieil homme avec sa vieille femme,
    Aujourd'hui bons rentiers, hier petits marchands,
    Retirés tout au bout du...

  • Chut ! Oh ! ce soir, comme elle est près !
    Vrai, je ne sais ce qu'elle pense,
    Me ferait-elle des avances ?
    Est-ce là le rayon qui fiance
    Nos coeurs humains à son coeur frais ?

    Par quels ennuis kilométriques
    Mener ma silhouette encor,
    Avant de prendre mon essor
    Pour arrimer, veuf de tout corps,
    A ses dortoirs madréporiques.

    Mets de...

  • Je prendrai par la main les deux petits enfants ;
    J'aime les bois où sont les chevreuils et les faons,
    Où les cerfs tachetés suivent les biches blanches
    Et se dressent dans l'ombre effrayés par les branches ;
    Car les fauves sont pleins d'une telle vapeur
    Que le frais tremblement des feuilles leur fait peur.
    Les arbres ont cela de profond qu'ils vous montrent...

  • Est-ce ma faute à moi si vous n'êtes pas grands ?
    Vous aimez les hiboux, les fouines, les tyrans,
    Le mistral, le simoun, l'écueil, la lune rousse ;
    Vous êtes Myrmidon que son néant courrouce ;
    Hélas ! l'envie en vous creuse son puits sans fond,
    Et je vous plains. Le plomb de votre style fond
    Et coule sur les noms que dore un peu de gloire,
    Et, tout en...

  • Grand bal sous le tamarin.
    On danse et l'on tambourine.
    Tout bas parlent, sans chagrin,
    Mathurin à Mathurine,
    Mathurine à Mathurin.

    C'est le soir, quel joyeux train !
    Chantons à pleine poitrine
    Au bal plutôt qu'au lutrin.
    Mathurin a Mathurine,
    Mathurine a Mathurin.

    Découpe comme au burin,
    L'arbre, au bord de l'eau marine,
    ...

  • Puisque Rusbrock m'enseigne
    A moi, dont le coeur saigne
    Sur tout ce qui se baigne
    Dans le malheur,
    A vous aimer, j'élève
    Ma pensée à ce rêve :
    De vous faire une grève
    Avec mon coeur.

    Là donc, oiseaux sauvages,
    Contre tous les ravages,
    Vous aurez vos rivages
    Et vos abris :
    Colombes, hirondelles,
    Entre mes mains fidèles,...