Voyez dans l’île au loin ces blés jaunes, mouvants
Comme un lac d’or fondu sous la chaleur des vents ;
Chaque onde en est d’une autre avec lenteur suivie
Et la lourde moisson chante un hymne à la vie.
Ce spectacle est divin ! — Mais crois-moi cependant,
Suis la pente du Rhône, ô passager prudent,
Descends vers la mer bleue aux brises salutaires
Et fuis...
-
-
La cataracte au ciel lance sa blanche écume,
L’éther bleuit les rocs où l’onde a ruisselé,
Et du soleil couchant la pourpre qui s’allume
Forme un dôme de flamme au temple de Philœ.Groupe effrayant (en bronze on le dirait coulé)
Que la fatalité forgea sous son enclume.
Échevelés, hagards, nus, l’œil plein d’amertume,
Trois Magnoûns sont assis sur un... -
Les Métaux, les divins Métaux
Que toujours l’homme voit en rêve,
Ornent la couronne ou le glaive
De tous les Péchés capitaux.L’orgueil jette sur ses manteaux
Pour cette vie, ô Dieu ! si brève,
Les Métaux, les divins Métaux
Que toujours l’homme voit en rêve.L’or gémit sous les vils râteaux
Que toujours le banquier soulève,
Et pour... -
La roule est lente, hélas ! de la ville à la mer
Et la fatigue est prompte et le pain est amer
A qui le va gagner dans les cités avares.
Les poissons à présent, plus maigres et plus rares,N’appesantissent plus ma nasse et mon filet
D’où jadis une proie abondante roulait,
Espoir d’un riche gain, dans ma barque joyeuse.
Les Dieux n’assistent plus ma... -
Par ma lèvre et mes doigts ardemment désirés,
O tout petits cheveux échappés et rebelles
Ébauchant sur son front des boucles naturelles
Qu’au flexible persil un Grec eût comparés !Debout à son miroir, de sa main si légère
Elle prenait plaisir à vous friser encor,
Et moi je contemplais le riche et noir trésor,
Cheveux dont les parfums sont perdus pour... -
Les flamboyantes Pierreries
Qui parent les glaives des rois
Et les mors de leurs palefrois,
Brillent dans les rouges tueries.La foule, amante des féeries,
Admire, en ses humbles effrois,
Les flamboyantes Pierreries
Qui parent les glaives des rois.Et dans les louanges nourries,
Les princesses aux regards froids
Sèment sur leurs... -
Tes canaux et ta lagune,
Tes campaniles hardis,
O Venise, on les a dits,
Et mille fois plutôt qu’une !Mais on n’a pas dit assez
Le charme frais de tes rues,
Qu’ont sans profit parcourues
Les touristes compassés.— Conquis sur la mer rivale
A force de pilotis,
Les logis drus, haut bâtis,
Se pressent sans intervalle ;Et...
-
Un frémissement fier passe à travers les bois !
Sous la tiède clarté de la nuit pacifique
Le vieux peuple debout, dont les chênes sont rois,
Enfle son âme au vent de leur âme stoïque.Et le siècle, le jour, l’heure, l’instant, le mois,
Unissent tout à coup dans un arome unique
Mille aromes au loin répandus à la fois.Le peuple fraternel aux...
-
Allah lui parle :
La terre, l’Océan et le ciel sont mon corps ;
Je suis tous les vivants et je suis tous les morts ;
Le soleil, ce grand cœur brûlant, est mon cœur même ;
Je meurs et je renais sans fin, je souffre et j’aime.
Chacun de vous peut dire, ô rayons... -
Les cieux resplendissants d’Étoiles
Aux radieux frissonnements,
Ressemblent à des flots dormants
Que sillonnent de blanches voiles.Quand l’azur déchire ses voiles,
Nous voyons les bleus firmaments,
Les cieux resplendissants d’Étoiles
Aux radieux frissonnements.Quel peintre mettra sur ses toiles,
O Dieu ! ces clairs fourmillements,...