Léon Valade

  • Il est de fins ressorts dont la marche ignorée
    - Ni savants, ni rêveurs, n'ont deviné comment -
    Va dans un coin de l'âme éveiller brusquement
    Le parfum d'une fleur autrefois respirée.

    Autrefois, le céleste épanouissement
    De ta bouche qui rit, cette rose pourprée,...

  • Sur la mer de tes yeux sincères
    Qu'abritent les doux cils arqués,
    Mes rêves se sont embarqués
    Comme d'aventureux corsaires.

    Sur l'azur glauque de tes yeux
    Où baignent des lueurs d'étoiles,
    Mes rêves déployant leurs voiles
    Ont cru fendre le bleu des cieux...

  • À Léon Cladel.

    C'est un trumeau. Le site est galant à merveille :
    Un ciel bleu ; point d'épis, mais des buissons entiers
    De roses ; et partout débouchent des sentiers
    Les couples qu'au hasard le Printemps appareille.

    Les pimpantes beautés, une perle à l'...

  • À Jean Richepin.

    Le ciel des nuits d'été fait à Paris dormant
    Un dais de velours bleu piqué de blanches nues,
    Et les aspects nouveaux des ruelles connues
    Flottent dans un magique et pâle enchantement.

    L'angle, plus effilé, des noires avenues
    Invite le...

  • Arlequin au nez noir, Pierrot au masque blême
    Me font envie ; et c’est mon intime souhait
    De vivre dans ce monde idéal et muet,
    Où, comme parmi nous, l’on s’agite et l’on aime.

    L’un ou l’autre incarnant mon esprit inquiet,
    Je tournerais dans un rôle toujours le...

  • Avril, à l’incarnat frêle et poudré de givre,
    Nous tient encor troublés de son charme incertain ;
    Lorsque Mai, couronné de roses, un matin,
    Sort des brumes, tenant la coupe où tout s’enivre.

    La belle au bois dormant qu’il réveille et délivre,
    L’Idylle, vers...

  • Tes canaux et ta lagune,
    Tes campaniles hardis,
    O Venise, on les a dits,
    Et mille fois plutôt qu’une !

    Mais on n’a pas dit assez
    Le charme frais de tes rues,
    Qu’ont sans profit parcourues
    Les touristes compassés.

    — Conquis sur la mer rivale...

  • Pauvres fleurs d’un bouquet de fête,
    Votre fraîcheur, que peu d’instants
    Effaceront, semble mal faite
    Pour promettre d’aimer longtemps !

    Peut-on, sans ironie amère,
    Engager l’avenir lointain,
    Quand on est la rose éphémère
    Ou le liseron d’un matin ?...

  • Si la mort n’est pas l’ouverture
    Du néant vaste où rien ne luit ;
    S’il faut attendre dans sa nuit
    On ne sait quelle aube future ;

    Si l’espoir du repos nous ment ;
    Si le tourment de la pensée
    A la chair inerte & glacée
    Survit impérissablement ;

    ...
  • Qui donc frappe à cette heure ? — Un voyageur si las
    Qu’il ne pourrait pas faire un pas de plus. — Hélas !
    Entre, j’ai vu l’appel que ton bras faible agite ;
    Et dis ce qu’il te faut, tu l’auras. — Rien qu’un gîte,
    Rien qu’un lit. — Mais d’abord qu’un feu clair &...