• Cette nouvelle m’arrive à la Fête-Dieu.
    Jeanne, c’est l’époque où les blés sont bleus,
    Jeanne, les petites filles douces à faire pleurer se préparent
    à chanter en foulant les campanules gorgées d’azur.
    Avec de l’eau sucrée (on donne le sucre) on sépare
    leurs cheveux en beaucoup de petites tresses pures...
    Ô enfant ! Jeanne, sois bénie de Dieu,
    car la...

  • V

    Vous eûtes donc hier un an, ma bien-aimée.
    Contente, vous jasez, comme, sous la ramée,
    Au fond du nid plus tiède ouvrant de vagues yeux,
    Les oiseaux nouveau-nés gazouillent, tout joyeux
    De sentir qu'il commence à leur pousser des plumes.
    Jeanne, ta bouche est rose ; et dans les gros vo1umes
    Dont les images font ta joie,...

  • RÉCITATIF

    Je cherche en vain le repos qui me fuit.
    Mon cœur et plein des douleurs de la France.
    Jusqu’en ces lieux déserts, dans l’ombre et le silence
    De la patrie en deuil le malheur me poursuit.

    CHANT

    Sombre forêt, retraite solitaire,
    Muets témoins de mes secrets ennuis,
    A mes regards, de mon pauvre pays
    Cachez du moins la honte et...

  •  
    Je regardai.

                             Je vis, tout près de la croisée,
    Celui par qui la pierre avait été lancée ;
    Il était jeune ; encor presque un enfant, déjà
    Un meurtrier.

                               Jeune homme, un dieu te protégea,
    Car tu pouvais tuer cette pauvre petite !
    Comme les sentiments humains s'écroulent vite
    Dans les cœurs...

  • Au petit jour voici la Jeanne
    Qui part avec sa mère-grand,
    Pour la foire de Saint-Laurent,
    A califourchon sur un âne.

    Elle entre dans ses dix-huit ans,
    Son œil de malice pétille
    La jeunesse en elle frétille ;
    Comme un carpillon au printemps.

    Pas de mines plus éveillées
    Quand, après un conte joyeux,
    Les garçons lui font les doux yeux...

  •  
    Dans la vie on ne reste guères
    A l'âge riant des amours,
    Les ans vont comme les rivières,
    Et rien n'en peut barrer le cours.
    Je ne suis plus la fille fraîche
    Que l'on appelait Jeanneton ;
    Le soleil a rougi la pêche,
    Le rosier n'est plus en bouton.

    Je suis la mère Jeanne
    Et j'aime tous mes nourrissons,
    Mon cochon, mon taureau...

  •  
    Silence au camp ! La vierge est prisonnière ;
    Par un injuste arrêt Bedfort croit la flétrir :
    Jeune encore, elle touche à son heure dernière...
    Silence au camp ! La vierge va périr.

    Des pontifes divins, vendus à la puissance,
    Sous les subtilités des dogmes ténébreux
    Ont accablé son innocence.
    Les anglais commandaient ce sacrifice affreux :...

  • À présent, le pantin est accroché devant
    Votre table. Il est là, bien tranquille, et souvent
    Il sourit. On l'a fait avec une poupée
    Habillée en Pierrot. Sa taille est bien drapée ;
    Puis il est gracieux comme le jour qui naît.
    Il songe, avec des yeux bleu sombre. Si ce n'est
    Que les rubans, les nœuds d'amour et les bouffettes
    De son habit sont bleus, et...

  • France, au lieu de pleurer l'éclipse de ta gloire,
    Reporte ici les yeux, et pense à ton histoire ;
    Rappelle à ton esprit quels merveilleux exploits
    T'ont de tes oppresseurs délivrée autrefois ;
    Apprends, quelques revers que le ciel te destine,
    À ne jamais douter de la faveur divine,
    À garder ton courage, à croire en tes destins ;
    Et si les nations, des...

  •  
    Un jour que l’océan gonflé par la tempête,
    Réunissant les eaux de ses fleuves divers,
    Fier de tout envahir, marchait à la conquête
    De ce vaste univers ;

    Une voix s’éleva du milieu des orages,
    Et Dieu, de tant d’audace invinsible témoin,
    Dit aux flots étonnés : « Mourez sur ces rivages,
    Vous n’irez pas plus loin. »

    Ainsi, quand,...