À Jeanne Fort

Cette nouvelle m’arrive à la Fête-Dieu.
Jeanne, c’est l’époque où les blés sont bleus,
Jeanne, les petites filles douces à faire pleurer se préparent
à chanter en foulant les campanules gorgées d’azur.
Avec de l’eau sucrée (on donne le sucre) on sépare
leurs cheveux en beaucoup de petites tresses pures...
Ô enfant ! Jeanne, sois bénie de Dieu,
car la procession va chanter dans mon âme
et, le jour où j’apprends ta naissance, les grandes feuilles
des lisières des bois reposés se recueillent.

                                                                         20 juin 1897.

Collection: 
1888

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Vous m’avez regardé avec toute votre âme.
Vous m’avez regardé longtemps comme un ciel bleu.
J’ai mis votre regard à l’ombre de mes yeux…
Que ce regard était passionné et calme…

Voici les mois d'automne et les cailles graisseuses
s'en vont, et le râle aux prairies pluvieuses
cherche, comme en coulant, les minces escargots.
Il y a déjà eu, arrivant des coteaux,
un vol flexible et mou de petites outardes,
et des vanneaux, aux longues ailes...

Voici le grand azur qui inonde la petite ville.
Les paysans sont arrivés pour le marché.
Des petits enfants ont des bas couleur de cerise.
Ils sont venus le long de la fraîcheur des haies.

Là-bas, la neige des montagnes casse le ciel.
Oh ! que tout cela est...

Les villages brillent au soleil dans les plaines,
pleins de clochers, de rivières, d’auberges noires,
au soleil ou sous la pluie grise ou dans la neige
avec des cris aigus de coqs, avec des blés,

avec des chars qui vont lentement aux labours,
avec des charrues qui...

Le village à midi. La mouche d’or bourdonne
                      entre les cornes des bœufs.
                      Nous irons, si tu le veux,
Si tu le veux, dans la campagne monotone.

Entends le coq... Entends la cloche... Entends le paon......