• Aie une muse belluaire,
    Sinon tu seras dévoré.
    Le ciel t'offre un double suaire,
    L'un étoilé, l'autre azuré.
    Va, revêts-les l'un après l'autre;
    Et verse aux hommes, tour à tour,
    Justicier sombre ou tendre apôtre,
    Tantôt l'ombre et tantôt le jour.
    Sois la nuit qui montre les astres;
    Puis sois le soleil tout à coup,
    Témoin des biens et...

  • Et j'ajoute à ma lyre une corde d'airain.
    Les Feuilles d'Automne.

  •  

    Voici : la fin de la demi-journée approche ;
    Et l’on travaille bien en attendant la cloche.
    Onze heures. On déserte en foule l’atelier.
    L’ouvrier va manger, et peut-être lier
    Connaissance avec cette enfant, frêle ouvrière,
    Chez le traiteur fumeux où l’on sert l’ordinaire.
    Mais l’apprenti n’a pas de ces luxes. Avec
    Une saucisse plate et deux...

  •  

    Or, je suppose que nous sommes,
    Madame, dans votre salon :
    On parle chiffres, rentes, sommes :
    Je suis le plus pauvre des hommes,
    J’ai dans ma bourse un seul doublon,

    Vous dis-je, tout-à-coup, sans cause.
    Cela vous fait ouvrir les yeux,
    Et vous me dites, un peu… rose ;
    « Que c’est bête, un homme qui pose
    Pour être pauvre et que c’...

  • De mon sang exhalé toute l'humeur périe
    Me laisse desséché, et l'esprit de mon coeur
    Éteint par trop d'ennui, me pousse en ma douleur
    Aux extrêmes effets de la mélancolie.

    Ha ! presque hors de moi forcenant de furie,
    Tué, brisé, rompu, accablé de malheur,
    J'ai souci, j'ai dépit, j'ai crainte, j'ai horreur,
    De vos yeux, de mon mal, de la mort, de...

  • J'ay fait des vers toute ma vie
    Et j'ay toute ma vie aimé ;
    Ma pauvre veine en est tarie,
    Et mon coeur en est consumé.

    J'estois glorieux de te suivre,
    Pere du sçavoir et du jour,
    Et croiois aussi que l'Amour
    Me feroit heureusement vivre.

    Maintenant près de mes vieux ans
    J'ay mille repentirs cuisans
    De n'avoir pris un meilleur...

  • Volupté des parfums ! ? Oui, toute odeur est fée.
    Si j'épluche, le soir, une orange échauffée,
    Je rêve de théâtre et de profonds décors ;
    Si je brûle un fagot, je vois, sonnant leurs cors,
    Dans la forêt d'hiver les chasseurs faire halte ;
    Si je traverse enfin ce brouillard que l'asphalte
    Répand, infect et noir, autour de son chaudron,
    Je me crois sur un quai...

  • Toute allégresse a son défaut
    Et se brise elle-même.
    Si vous voulez que je vous aime ;
    Ne riez pas trop haut.

    C'est à voix basse qu'on enchante
    Sous la cendre d'hiver
    Ce coeur, pareil au feu couvert,
    Qui se consume et chante.

  • Toute grâce et toutes nuances
    Dans l'éclat doux de ses seize ans,
    Elle a la candeur des enfances
    Et les manèges innocents.

    Ses yeux, qui sont les yeux d'un ange,
    Savent pourtant, sans y penser,
    Eveiller le désir étrange
    D'un immatériel baiser.

    Et sa main, à ce point petite
    Qu'un oiseau-mouche n'y tiendrait,
    Captive sans espoir de...

  • Vous qui sur mon front, toute en larmes,
    Pressez vos yeux pour ne plus voir
    Les feuilles du berceau de charmes
    Sur le sable humide pleuvoir,

    Dans le brouillard funèbre où glissent
    Ces ombres des jours révolus,
    Pauvre enfant dont les cils frémissent,
    Vous qui pleurez, ne pleurez plus.

    Car bientôt, dans les avenues,
    Décembre...