Béroalde de Verville

  • Faut-il qu'incessamment passionné je traîne
    Les rigoureux liens de l'amour qui me gêne,
    Et que sans espérer de me voir en repos
    Je loge le souci pour toujours en mes os,
    Que lamentant en vain mon malheur je soupire,
    Sans pouvoir m'alléger en mon cruel martyre,
    Faut-...

  • Mon âme languissait, et d'une longue haleine,
    Par mes tristes soupirs, j'allégeais en ma peine
    Mon éternel regret, et logeais en mes os
    Les soucis importuns qui m'ôtaient le repos.
    Tout m'était déplaisant et ma gêne cruelle
    Me pressait sous l'horreur de sa force mortelle...

  • Voulez-vous voir mon coeur, ouvrez-moi la poitrine,
    Vous y verrez les traits de vos rares beautés,
    Vous verrez en mon sang mille diversités
    Émues par l'amour qui par vous y domine.

    Vous y verrez l'ardeur de ma flamme divine,
    Vous verrez tout au près mes poumons...

  • Quand vous considérez en cette claire glace
    De vos perfections les belles raretés,
    Non, vous n'y voyez point cette parfaite grâce
    Que tout oeil reconnaît aux traits de vos beautés.

    De quoi vous peut servir de savoir être belle ?
    C'est cela que sans plus vous...

  • Un jour reconnaissant que je suis incapable,
    Belle, de vous servir, j'en vins au désespoir,
    Et prenant le chemin du désert effroyable,
    Je voulus m'y cacher pour jamais ne rien voir.

    C'est bien avoir des yeux de voir ce qui s'adresse,
    Et de le discerner. Mais...

  • Je veux seul, écarté, ores dans un bocage,
    Ores par les rochers, soupirer mon dommage,
    Et plaindre sous l'horreur du destin irrité,
    Je veux auprès des eaux tristement murmurantes,
    Et près l'obscurité des grottes effrayantes,
    Soulager mon esprit de soucis tourmenté....

  • De fureur, de souci, mon âme tourmentée
    Sous votre cruauté, désire contre un fer,
    Caché dedans mon coeur, trébucher en l'enfer,
    Pour s'aller rafraîchir en l'onde Achérontée :

    Mais lors que de tel soin je la sens agitée,
    Voulant dedans mon sang teindre un mortel...

  • Je ne suis plus celui qui respirait la vie
    De vos yeux, mon soleil, je ne suis qu'un vain corps.
    Amour qui m'a frappé de ses traits les plus forts
    Pour triompher de moi, a mon âme ravie.

    Mon esprit erre en bas en la plaine obscurcie,
    Et mon corps au tombeau...

  • Ainsi qu'on voit pleurer la chaste tourterelle
    Quand la mort a éteint la moitié de son coeur,
    Je veux en accusant ma fortune cruelle,
    Éloigné de vos yeux soupirer ma douleur.

    N'ai-je pas bien raison de faire ouïr ma plainte,
    Puis qu'à votre départ mon coeur s'...

  • Perdez, froissez, tuez cette âme vagabonde,
    Qui délaissant ce jour cherche votre manoir,
    Ô puissances d'en-bas, si vous avez pouvoir
    Sur les captifs d'amour qui dédaignent ce monde.

    Vous Esprits, qui toujours allez faisant la ronde
    A l'entour de nos coeurs,...