• La nue était d’or pâle, et d’un ciel doux et frais,
    Sur les jaunes bambous, sur les rosiers épais,
    Sur la mousse gonflée et les safrans sauvages,
    D’étroits rayons filtraient à travers les feuillages.

    Un arome léger d’herbe et de fleurs montait ;
    Un murmure infini dans l’air subtil flottait :
    Chœur des Esprits cachés, âmes de toutes choses,
    Qui font...

  • La nue était d’or pâle, et d’un ciel doux et frais,
    Sur les jaunes bambous, sur les rosiers épais,
    Sur la mousse gonflée et les safrans sauvages,
    D’étroits rayons filtraient à travers les feuillages.

    Un arome léger d’herbe et de fleurs montait ;
    Un murmure infini dans l’air subtil flottait :
    Chœur des Esprits cachés, âmes de toutes choses,
    Qui font...

  • Qu’un jeune amour plein de mystère
    Pardonne à la vieille amitié
    D’avoir troublé son sanctuaire.
    D’une belle âme qui m’est chère
    Si j’ai jamais eu la moitié,
    Je vous la lègue tout entière.

    1843.

  •  

    Chanter, mais dans le soir sonore
    Et pour ses amis seulement,
    Fuir le bruit qui nous déshonore
    Et le vil applaudissement ;

    Brûler, mais conserver sa flamme
    Pour le seul but essentiel,
    Être cette espérance, une âme
    Qui chaque jour s’emplit de ciel ;

    Avec une pensée insigne
    Qui vous berce dans ses éclairs,
    Vivre, blanche...

  •  
    ………… mes seuls trésors : des vers !
    ((Hégésippe Moreau)

     
    Le jour de votre fête est un jour bien heureux ;
    Tous vos amis voudraient vous adresser leurs vœux !
    C’est à qui cherchera le moyen de vous plaire ;
    Je le voudrais aussi, mais je ne puis faire ;
    Je ne puis vous offrir de présent ni de fleur ;
    Je n’ai...

  • Souvent sur les mers où se joue
    La tempête aux ailes de feu,
    Je voyais passer sur ma proue
    Le haut mât que le vent secoue,
    Et pour qui la vague est un jeu !

    Ses voiles ouvertes et pleines
    Aspiraient le souffle des flots,
    Et ses vigoureuses antennes
    Balançaient sur les vertes plaines
    Ses ponts chargés de matelots.

    La lame en vain...

  • Ne me parlez jamais d’une vieille amitié,
    Dans vos cheveux dorés quand le printemps se joue
    Lui, qui vous a laissé ― lui, si vite oublié ! ―
    Sa fraîcheur dans l’esprit et sa fleur sur la joue !

  •  
    Vous avez des yeux noirs, et vous êtes si belle,
    Que le poète en vous voit luire l’étincelle
    Dont s’anime la force et que nous envions :
    Le génie à son tour embrase toute chose ;
    Il vous rend sa lumière, et vous êtes la rose
             Qui s’embellit sous ses rayons.

  •  
    J'étais assis chantant aux pieds de Michaël ;
    Mithra sur notre tête avait fermé sa tente ;
    Le Roi des rois dormait dans sa couche éclatante,
    Et tous deux en rêvant nous pleurions Israël

    Quand Tippoo se leva dans la nuée ardente...
    Trois voix avaient crié vengeance au bord du ciel ;
    Il rappela d'en haut mon frère Gabriel,
    Et tourna vers Michel...

  •  
    Madame, j’écoutais le piano frémissant
    Sous vos doigts créateurs évoquer tout un monde
    De rêves embaumés que nulle main n’émonde
    Et qui montent aux cieux comme un soleil naissant.

    Je cachais dans mes mains mon front incandescent ;
    Votre inspiration sublime et vagabonde
    Dans mon cœur enivré d’une extase profonde
    Faisait sourdre les vers comme...