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    C’était l’heure du rêve et de l’effacement :
    Tout, dans la nuit, allait se perdre et se dissoudre ;
    Et, d’échos en échos, les rumeurs de la foudre
    Traînaient dans l’air livide un sourd prolongement.

    Pendue au bord des cieux pleins d’ombres et d’alarmes,
    Et si bas qu’un coteau semblait les effleurer,
    La pluie, ainsi qu’un œil qui ne peut pas pleurer...

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    C’est une grande allée à deux rangs de tilleuls.
    Les enfants, en plein jour, n’osent y marcher seuls,
             Tant elle est haute, large et sombre.
    Il y fait froid l’été presque autant que l’hiver ;
    On ne sait quel sommeil en appesantit l’air,
             Ni quel deuil en épaissit l’ombre.

    Les tilleuls sont anciens ; leurs feuillages pendants
    ...

  • C’est une grande allée à deux rangs de tilleuls.
    Les enfants, en plein jour, n’osent y marcher seuls,
    Tant elle est haute, large et sombre.
    Il y fait froid l’été presque autant que l’hiver ;
    On ne sait quel sommeil en appesantit l’air
    ...

  • C'est une grande allée à deux rangs de tilleuls.
    Les enfants, en plein jour, n'osent y marcher seuls,
    Tant elle est haute, large et sombre.
    Il y fait froid l'été presque autant que l'hiver ;
    On ne sait quel sommeil en appesantit l'air,
    Ni quel deuil en épaissit l'ombre.

    Les tilleuls sont anciens ; leurs feuillages pendants
    Font muraille au dehors et...

  • L'allée est droite et longue, et sur le ciel d'hiver
    Se dressent hardiment les grands arbres de fer,
    Vieux ormes dépouillés dont le sommet se touche.
    Tout au bout, le soleil, large et rouge, se couche.
    À l'horizon il va plonger dans un moment.
    Pas un oiseau. Parfois un léger craquement
    Dans les taillis déserts de la forêt muette ;
    Et là-bas, cheminant, la...

  • Fardée et peinte comme au temps des bergeries
    Frêle parmi les noeuds énormes de rubans,
    Elle passe sous les ramures assombries,
    Dans l'allée où verdit la mousse des vieux bancs,
    Avec mille façons et mille afféteries
    Qu'on garde d'ordinaire aux perruches chéries.
    Sa longue robe à queue est bleue, et l'éventail
    Qu'elle froisse en ses doigts fluets aux larges...

  • Tout à part soi est mélancolieux
    Le tien servant, qui s'éloigne des lieux,
    Là où l'on veut chanter, danser et rire :
    Seul en sa chambre il va ses pleurs écrire,
    Et n'est possible à lui de faire mieux.

    Car quand il pleut, et le Soleil des Cieux
    Ne reluit point, tout homme est soucieux,
    Et toute bête en son creux se retire
    Tout à part soi.
    ...

  • Toi-même, éblouissant comme un soleil ancien
    Les Regrets des solitudes roses,
    Contemple le dégât du Parc magicien
    Où s'effeuillent, au pas du Soir musicien,
    Des morts de camélias, de roses.

    Revisitons le Faune à la flûte fragile
    Près des bassins au vaste soupir,
    Et le banc où, le soir, comme un jeune Virgile,
    Je venais célébrant sur mon théorbe...

  • Le premier arbre de l'allée ?
    - Il est parti, dites, vers où,
    Avec son tronc qui bouge et son feuillage fou
    Et la rage du ciel à ses feuilles mêlée ?

    Les autres arbres ? - L'ont suivi
    Sur double rang, à l'infini ;
    Ils vont là-bas, sans perdre haleine,
    A sa suite, de plaine en plaine ;
    Ils vont là-bas où les conduit
    Sa marche à lui,...

  • Elle a passé, la jeune fille
    Vive et preste comme un oiseau
    À la main une fleur qui brille,
    À la bouche un refrain nouveau.

    C'est peut-être la seule au monde
    Dont le coeur au mien répondrait,
    Qui venant dans ma nuit profonde
    D'un seul regard l'éclaircirait !

    Mais non, - ma jeunesse est finie ...
    Adieu, doux rayon qui m'as lui, -
    ...