• Sous des déguisements divers,
    Plâtre ou fard, selon ton envie,
    Masque tes mœurs, cache ta vie,
    Sois honnête homme, en fait de vers !

    Un seul beau vers est une source
    Qui, dans les siècles, coulera.
    Dix ans, peut-être, on pleurera
    Quelques mots trop prompts à la course.

    La strophe aux gracieux dessins,
    Où l’œil, en vain, cherche une faute...

  • Vous fûtes conçue immaculée,
    Ainsi l’Église l’a constaté
    Pour faire notre âme consolée
    Et notre fois plus fort conseillée,
    Et notre esprit plus ferme et bandé.
     
    La raison veut ce dogme et l’assume.
    La charité l’embrasse et s’y tient,
    Et Satan grince et l’enfer écume
    Et hurle : « L’Ève prédite vient
    Dont le Serpent saura l’amertume...

  •  
    L'enfant partout. Ceci se passe aux Tuileries.
    Plusieurs Georges, plusieurs Jeannes, plusieurs Maries ;
    Un qui tette un qui dort ; dans l'arbre un rossignol ;
    Un grand déjà rêveur qui voudrait voir Guignol ;
    Une fille essayant ses dents dans une pomme ;
    Toute la matinée adorable de l'homme ;
    L'aube et polichinelle ; on court, on jase, on rit ;
    ...

  • Immédiatement après le salut somptueux,
    Le luminaire éteint moins les seuls cierges liturgiques,
    Les psaumes pour les morts sont dits sur un mode mineur
    Par les clercs et le peuple saisi de mélancolie.

    Un glas lent se répand des clochers de la cathédrale
    Répandu par tous les campaniles du diocèse,
    Et plane et pleure sur les villes et sur la campagne
    ...

  •  
    L’immense Être inconnu sourit. L’aube réveille
    Le ciron, la fourmi, la fleur des prés, l’abeille,
    Les nids chuchotants, les hameaux,
    La forêt aux profonds branchages, les campagnes,
    L’océan, le soleil derrière les montagnes,
    Mon âme derrière les maux.

    L’Être rêve. Il construit le lys dans le mystère ;
    Son doigt aide la taupe à faire un trou...

  •  
    De quels charmes tu m’environnes !
    Que je sens près de toi d’amoureuses fureurs !
    Comme ils sont parfumés les baisers que tu donnes !
    En les cueillant, je crois cueillir des fleurs,
    Telles que les vergers d’Hymette
    En fournissent dès le matin
    À ces filles de l’air qui sur la violette
    Et l’oeillet et le lis vont chercher leur butin.
    Le...

  •  
    Je pense quelquefois qu’à ceux-là seulement
    Que vierges elle a pris, la Mort laisse leur âme
    Comme une récompense ou comme un châtiment.

    Ils aimeront ailleurs plus implacablement,
    Ces âpres dédaigneux de l’amour de la femme ;
    — Car, plus que nos désirs, leurs rêves sont cruels.

    Et seuls, ils connaîtront, après l’humaine vie,
    L’éternel...

  •  

    La Satiété dort au fond de vos grands yeux ;
    En eux, plus de désirs, plus d’amour, plus d’envie ;
    Ils ont bu la lumière, ils ont tari la vie,
    Comme une mer profonde où s’absorbent les cieux.

    Sous leur bleu sombre on lit le vaste ennui des Dieux,
    Pour qui toute chimère est d’avance assouvie,
    Et qui, sachant l’effet dont la cause est suivie,
    ...

  • La petite marquise Osine est toute belle,
    Elle pourrait aller grossir la ribambelle
    Des folles de Watteau sous leur chapeau de fleurs
    Et de soleil, mais comme on dit, elle aime ailleurs
    Parisienne en tout, spirituelle et bonne
    Et mauvaise à ne rien redouter de personne,
    Avec cet air mi-faux qui fait que l’on vous croit,
    C’est un ange fait pour le monde...

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    La petite marquise Osine est toute belle,
    Elle pourrait aller grossir la ribambelle
    Des folles de Watteau sous leur chapeau de fleurs
    Et de soleil, mais comme on dit, elle aime ailleurs.
    Parisienne en tout, spirituelle et bonne
    Et mauvaise à ne rien redouter de personne,
    Avec cet air mi-faux qui fait que l’on vous croit,
    C’est un ange fait pour...