L’Immortalité

 
De quels charmes tu m’environnes !
Que je sens près de toi d’amoureuses fureurs !
Comme ils sont parfumés les baisers que tu donnes !
En les cueillant, je crois cueillir des fleurs,
Telles que les vergers d’Hymette
En fournissent dès le matin
À ces filles de l’air qui sur la violette
Et l’oeillet et le lis vont chercher leur butin.
Le souffle de ta bouche est comme une rosée
Qui court de veine en veine, enivre tous les sens,
Fait couler à longs traits dans mon ame embrâsée
Le délire, les feux, le nectar des amans.
Poursuis, poursuis ; encore une caresse,
Et je deviens immortel dans tes bras.
Mais ce titre n’est rien et ne me séduit pas,
Si ma flamme à son tour ne te change en déesse.

Ah ! L’immortalité ne sied bien qu’aux amours :
Sous la même couronne il faut qu’ils nous unissent ;
Si je ne vis pour toi, si nos plaisirs finissent,
Qu’importe, hélas ! Que je vive toujours.

Collection: 
1754

More from Poet

  • Ode anacréontique

    Souffle divin, puissant moteur,
    Dont les impressions soudaines
    Font couler le feu dans nos veines,
    Et le plaisir dans notre coeur :

    Désir, j'adore ton ivresse,
    Tes traits rapides et brûlants,
    Et tes impétueux élans,
    Et ta...

  • Donne-moi, ma belle maîtresse,
    Donne-moi, disais-je, un baiser,
    Doux, amoureux, plein de tendresse...
    Tu n'osas me le refuser :
    Mais que mon bonheur fut rapide !
    Ta bouche à peine, souviens-t-en,
    Eut effleuré ma bouche avide,
    Elle s'en détache à l'...

  • Les étoiles brillaient encore :
    A peine un jour faible et douteux
    Ouvre la paupière de Flore,
    Qui, dans ses bras voluptueux,
    Retient l'inconstant qu'elle adore.
    Le souffle humide d'un vent frais
    Effleure les airs qu'il épure,
    Soupire à travers ces...

  • Quand neuf baisers m'auront été promis,
    Ne m'en donne que huit, et malgré ta promesse,
    Soudain, échappe, ma Thaïs.
    En la trompant, augmente mon ivresse :
    Cours te cacher derrière tes rideaux,
    Dans ton alcôve, asyle du mystère,
    Sous l'ombrage de tes berceaux ;...

  • Oui ; de ta bouche enfantine
    Donne-moi dans ces vergers
    Autant de furtifs baisers
    Qu'Ovide en prit à Corine ;
    Autant (je n'en veux pas plus)
    Qu'il naît d'amours sur tes traces,
    Qu'on voit jouer de Vénus
    Et de beautés et de grâces,
    Sur ton sein,...