Vous fûtes conçue immaculée,
Ainsi l’Église l’a constaté
Pour faire notre âme consolée
Et notre fois plus fort conseillée,
Et notre esprit plus ferme et bandé.
La raison veut ce dogme et l’assume.
La charité l’embrasse et s’y tient,
Et Satan grince et l’enfer écume
Et hurle : « L’Ève prédite vient
Dont le Serpent saura l’amertume » :
Sous la tutelle et dans l’onction
De votre chaste et sainte mère Anne,
Vous grandissez en perfection
Jusqu’à votre présentation
Au temple saint, loin du bruit profane,
Du monde vain que fuira Jésus
Et, comme lui, toute au pauvre monde.
Vous atteignez dans de pieux us
L’époque où, dans sa pitié profonde.
Dieu veut que de vous sorte Jésus !
L’ange qui vous salua la mère
Du Rédempteur que Dieu nous donnait
Ne troubla pas votre candeur fière
Qui dit comme Dieu de la lumière :
« Ce que vous m’annoncez me soit fait. »
Et tout le temps que vivra le Maître,
Vous le passerez obscurément,
Sans rien vouloir savoir ou connaître
Que de l’aimer comme il daigne l’être,
Jusqu’à sa mort, prise saintement.
Aussi, quand vous-même rendez l’âme,
Pendant à votre conception
Immaculée, un décret proclame
Pour vous la tombe un séjour infâme,
Vous soustrait à la corruption,
Et vous enlève au séjour de la gloire
D’où vous régnez sur l’Ange et sur nous.
Participant à toute l’histoire
De notre vie intime et de tous
Les hauts débats de la grande histoire.