• Au-dessus du bétail écœurant des humains
    Bondissaient par instants les sauvages crinières
    Des mendieurs d’azur perdus dans nos chemins.

    Un vent mêlé de cendre effarait leurs bannières
    Où passe le divin gonflement de la mer
    Et creusait autour d’eux de sanglantes ornières.

    La tête dans l’orage ils défiaient l’Enfer,
    Ils voyageaient sans pains, sans...

  • Guillaume de Juliers

    I

    Avec ses nécromans et ses filles de joie
    Et ses prêtres et ses soldats et ses...

  • Les soirs de fête, en des banquets,
    Il s’évoquait
    À la lueur de candélabres ;
    Son buste chargé d’or dans l’or...

  • Te souvient-il, ma sœur, du rempart solitaire
    Où nous cherchions, enfants, de l’ombrage et des fleurs ?
    Et de cette autre enfant qui passait sur la terre,
    Pour sourire à nos jeux, pour y charmer nos pleurs ?
    Son dixième printemps la couronnait de roses :
    Marie était son nom, Rose y fut ajouté.
    Pourquoi ces tendres fleurs, dans leur avril écloses,
    ...

  •  
    La douce Isabelle d’Espagne
    Songeait dans son appartement,
    Patrocinio, sa compagne,
    Priait le ciel dévotement,

    Quand on vint lui dire : « L’empire
    De votre ami Napoléon,
    À l’heure où nous parlons, expire,
    Reine de Castille et Léon. »

    Puis on lui conta la déroute
    De Sedan, cette lâcheté
    De l’homme qui fit banqueroute
    À...

  • XXII

    Gastibelza, l’homme à la carabine,
    Chantait ainsi :
    " Quelqu’un a-t-il connu doña Sabine ?
    Quelqu’un d’ici ?
    Dansez, chantez, villageois ! la nuit gagne
    Le mont Falù.
    — Le vent qui vient à travers la montagne
    Me...

  •  
    La goutte d’eau de l’Habitude
    Corrode notre liberté
    Et met sur notre volonté
    La rouille de la servitude.

    Elle infiltre une quiétude
    Pleine d’incuriosité :
    La goutte d’eau de l’Habitude
    Corrode notre liberté.

    Qui donc fertilise l’étude
    Et fait croupir l’oisiveté ?
    Qui donc endort l’adversité
    Et moisit la béatitude ?...

  • Ta guenille nocture étalant par ses trous
    Les rousseurs de tes poils et de ta peau, je l’aime
    Vieux spectre, et c’est pourquoi je te jette vingt sous.

    Ton front servile et bas n’a pas la fierté blême :
    Tu comprends que le pauvre est le frère du chien
    Et ne vas pas drapant ta lésine en poème.

    Comme un chacal sortant de sa pierre, ô chrétien
    Tu rampes...

  •  
    Un soir, j’étais debout, auprès d’une fenêtre...
    Contre la vitre en feu j’avais mon front songeur,
    Et je voyais, là-bas, lentement disparaître
    Un soleil embrumé qui mourait sans splendeur !
    C’était un vieux soleil des derniers soirs d’automne,
    Globe d’un rouge épais, de chaleur épuisé,
    Qui ne faisait baisser le regard à personne,
             Et qu...

  •  

    Toutes les passions, comme une meute infâme,
    Ensemble, sur mon cœur, ont bondi par milliers :
    Molosses haletants, dogues à l’œil de flamme,
    Tout hurle et tout aboie à travers les halliers ;

    J’ai franchi les ravins, et, comme un cerf qui brame,
    J’ai rougi de mon sang la ronce des sentiers.
    L’hallali furieux sonne au fond de mon âme.
    J’entends...