• Au temps où le gazon s’orne de pâquerettes
    Toujours s’entend ta voix,
    D’une étoile as-tu donc les flammes joliettes
    Pour l’éclairer en tapinois ?

    Bien aimé visiteur ! avec toi je salue
    La naissance des fleurs.
    Et j’entends au bosquet la musique ingénue
    Des oiseaux, ces tant doux chanteurs !

    À travers bois faisant l’école buissonnière
    L’...

  •  
    Voyez-vous, sur le bord de ce chemin bourbeux,
    Cet enclos en ruine où broutent les grands bœufs ?
    Ici, cinq paysans ― trois hommes et deux femmes ―
    Eurent la sépulture ignoble des infâmes !

    Cette histoire est bien triste, et date de bien loin.

    Comme un soldat mourant la carabine au poing,
    Québec était tombé. Sans honte et sans mystère,
    Un...

  • J’ai rêvé posséder les œuvres de Malherbe.
    Un exemplaire unique, admirable, un trésor !
    Tout habillé de pourpre, et les fleurs de lys d’or
    En étoilent les plats, nombreuses comme l’herbe.

    Le vélin en est pur, l’impression superbe.
    Messieurs les éditeurs, à cette époque encor,
    Se montraient soucieux de soigner le décor
    Qui faisait ressortir et...

  •  

    Sous le fécond soleil des nations antiques,
    L'homme était riche en dieux dont il savait les noms ;
    Et des images d'or encombraient les portiques,
    Ou, géantes, gardaient le seuil des Parthénons.

    Et pourtant, jamais las d'encens ni de prières,
    L'homme des jours sereins où riaient les dieux nus,
    Entre le ciel et lui rêvant plus de lumières,
    ...

  •  
    A l’œuvre donc, ô sombre et pur esprit humain !
    Debout ! Rhéteurs couchés dans les fleurs du chemin,
    Sages assis sous les grands arbres de la route !
    Empédocles de la connaissance, debout !
    A l’horizon sanglant le volcan gronde et bout ;
    Que vos pieds, secouant la poussière du doute,

    Sans que tremblent les os ou blêmisse la chair,
    Chaussent du...

  •  
    VOUS frémissez au vent des calmes altitudes,
    Arbres de la montagne où je passais hier ;
    Plante dans le terroir, chacun de vous est fier
    De posséder la paix des hautes solitudes.

    Si tous les cours avaient votre belle attitude !
    Campés sur l’idéal, dresses vers l’azur clair,
    Le temps de vivre un peu leur serait moins amer,
    Et, comme vous, ils...

  •  
    Ils vont sans trêve ; ils vont sous le ciel bas et sombre,
    Les Fugitifs, chassés des anciens paradis ;
    Et toute la tribu, depuis des jours sans nombre,
    Dans leur sillon fatal traîne ses pieds roidis.

    Ils vont, les derniers-nés des races primitives,
    Les derniers dont les yeux, sur les divins sommets,
    Dans les herbes en fleur ont vu fuir les Eaux...

  •  
    Si je pouvais voir, ô patrie,
    Tes amandiers et tes lilas,
    Et fouler ton herbe fleurie,
    Hélas !

    Si je pouvais, ― Mais, ô mon père,
    Ô ma mère, je ne peux pas, ―
    Prendre pour chevet votre pierre,
    Hélas !

    Dans le froid cercueil qui vous gêne,
    Si je pouvais vous parler bas,
    Mon frère Abel, mon frère Eugène,
    Hélas !

    ...

  • Enfin j’ai cédé, je me plie
    Encor cette fois sous ta main.
    Ta volonté s’est accomplie :
    Me voilà hors de ton chemin.

    Pourtant, parce que trop docile
    Et trop faible, je me soumets
    Au cruel arrêt qui m’exile,
    Crois-tu ne me revoir jamais ?

    Ah ! pauvre orgueilleux, tu te trompes,
    On ne me traite pas ainsi.
    Il se peut bien que tu me...

  •  
    JE sais une maison fleurie
    D’où mon cœur n’est pas revenu,
    Et qui m’est comme une patrie
    Où l’exil m’a fait inconnu.

    Comme une feuille au vent fanée,
    A son seuil de lierre jeté,
    En n’y restant qu’une journée
    J’y laissai mon éternité.

    Car mon rêve, au lierre fidèle
    Mêlant mon âme, a suspendu
    Au doux toit qui me parle d’elle...