Quoi ? qu’est-ce ? ô vents, ô nues, ô l’orage !
À point nommé, quand d’elle m’approchant
Les bois, les monts, les baisses vois tranchant
Sur moi d’aguet vous poussez votre rage.
Ores mon cœur s’embrase davantage.
Allez, allez faire peur au marchand,
Qui dans la mer les trésors va cherchant :
Ce n’est ainsi, qu’on m’abat le courage...
Quand viendra ce jour là, que ton nom au vrai passe
Par France, dans mes vers ? Combien et quantes fois
S’en empresse mon cœur, s’en démangent mes doigts ?
Souvent dans mes écrits de soi-même il prend place.
Malgré moi je t’écris, malgré moi je t’efface.
Quand Astrée viendrait et la foi et le droit,
Alors joyeux ton nom au monde se...
Ô entre tes beautés, que ta constance est belle.
C’est ce cœur assuré, ce courage constant,
C’est parmi tes vertus, ce que l’on prise tant :
Aussi qu’est-il plus beau, qu’une amitié fidèle ?
Or ne charge donc rien de ta sœur infidèle,
De Vézère ta sœur : elle va s’écartant
Toujours flottant mal sûre en son cours inconstant.
Vois-tu...
Toi qui oys mes soupirs, ne me sois rigoureux
Si mes larmes à part toutes miennes je verse,
Si mon amour ne suit en sa douleur diverse
Du Florentin transi les regrets langoureux,
Ni de Catulle aussi, le folâtre amoureux,
Qui le cœur de sa dame en chatouillant lui perce,
Ni le savant amour du demi-Grec Properce,
Ils n’aiment pas...
Ô cœur léger, ô courage mal sûr,
Penses-tu plus que souffrir je te puisse ?
Ô bonté creuse, ô couverte malice,
Traître beauté, venimeuse douceur.
Tu étais donc toujours sœur de ta sœur ?
Et moi trop simple il fallait que j’en fisse
L’essai sur moi ? Et que tard j’entendisse
Ton parler double et tes chants de chasseur ?
...
C’était alors, quand les chaleurs passées,
Le sale Automne aux cuves va foulant,
Le raisin gras dessous le pied coulant,
Que mes douleurs furent encommencées.
Le paisan bat ses gerbes amassées,
Et aux caveaux ses bouillants muids roulant,
Et des fruitiers son automne croulant,
Se venge lors des peines avancées.
Serait-ce...
Ce n’est pas moi que l’on abuse ainsi :
Qu’à quelque enfant ses ruses on emploie,
Qui n’a nul goût, qui n’entend rien qu’il oie :
Je sais aimer, je sais haïr aussi.
Contente-toi de m’avoir jusqu’ici
Fermé les yeux, il est temps que j’y voie :
Et qu’aujourd’hui, las et honteux je sois
D’avoir mal mis mon temps et mon souci,
...
Oh l’ai-je dit ? Hélas l’ai-je songé ?
Ou si pour vrai j’ai dit blasphème-t-elle ?
S’a fausse langue, il faut que l’honneur d’elle
De moi, par moi, de sur moi, soit vengé.
Mon cœur chez toi, ô madame, est logé :
Là donne-lui quelque gêne nouvelle :
Fais-lui souffrir quelque peine cruelle :
Fais, fais-lui tout, fors lui donner congé...
Quand à chanter ton los, parfois je m’aventure,
Sans oser ton grand nom, dans mes vers exprimer,
Sondant le moins profond de cette large mer,
Je tremble de m’y perdre, et aux rives m’assure.
Je crains en louant mal, que je te fasse injure.
Mais le peuple étonné d’ouïr tant t’estimer,
Ardent de te connaître, essaie à te nommer,
Et...
Ce dit maint un de moi, de quoi se plaint-il tant,
Perdant ses ans meilleurs en chose si légère ?
Qu’a-t-il tant à crier, si encore il espère ?
Et s’il n’espère rien, pourquoi n’est-il content ?
Quand j’étais libre et sain j’en disais bien autant.
Mais certes celui-là n’a la raison entière,
Ains a le cœur gâté de quelque rigueur fière,...