Sonnet quatorze de vingt neuf

Ô cœur léger, ô courage mal sûr,
Penses-tu plus que souffrir je te puisse ?
Ô bonté creuse, ô couverte malice,
Traître beauté, venimeuse douceur.

Tu étais donc toujours sœur de ta sœur ?
Et moi trop simple il fallait que j’en fisse
L’essai sur moi ? Et que tard j’entendisse
Ton parler double et tes chants de chasseur ?

Depuis le jour que j’ai pris à t’aimer,
J’eusse vaincu les vagues de la mer.
Qu’est-ce aujourd’hui que je pourrais attendre ?

Comment de toi pourrais-je être content?
Qui apprendra ton cœur d’être constant,
Puisque le mien ne le lui peut apprendre ?

Ô cœur léger, ô courage mal sûr,
Penses-tu plus que souffrir je te puisse ?
Ô bonté creuse, ô couverte malice,
Traître beauté, venimeuse douceur.

Tu étais donc toujours sœur de ta sœur ?
Et moi trop simple il fallait que j’en fisse
L’essai sur moi ? Et que tard j’entendisse
Ton parler double et tes chants de chasseur ?

Depuis le jour que j’ai pris à t’aimer,
J’eusse vaincu les vagues de la mer.
Qu’est-ce aujourd’hui que je pourrais attendre ?

Comment de toi pourrais-je être content?
Qui apprendra ton cœur d’être constant,
Puisque le mien ne le lui peut apprendre ?

Collection: 
1550

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