• J’ai vu…, oh ! dites-moi, était-ce le présent que je voyais, ou
    l’avenir ? J’ai vu dans la lice la muse anglaise s’élancer vers une
    couronne.

    À peine distinguait-on deux buts à l’extrémité de la car-
    rière : des chênes ombrageaient l’un, autour de l’autre des pal-
    miers se dessinaient dans l’éclat du soir.

    Accoutumée à de semblables...

  •  
    L’AVEUGLE

    L’aveugle a deviné que la Muse, ô pasteurs,
    Conserve encore ici deux jeunes serviteurs ;
    Démêlant de vos voix l’harmonieuse trame,
    Déjà dans votre accent j’ai lu toute votre âme.
    Vous êtes doux et fiers ; et, puisque vous chantez,
    Enfants, vous honorez les dieux et respectez
    Les vieillards qu’on méprise en ces jours de délire ;...

  •  
          Près de la pierre close
          Sous laquelle repose
          Théophile Gautier,
               (Non tout entier,

          Car par son œuvre altière
          Ce dompteur de matière
          Est comme auparavant
               Toujours vivant,)

          Regardant cette tombe
          De leurs yeux de colombe,
          Les Muses vont pleurant...

  •  
    J’ai quitté les écueils de cette île enchantée
    Où l’amour si longtemps me retint sous sa loi ;
    Heureux ou malheureux de l’avoir désertée,
    N’importe ! — je suis libre, et mes jours sont à moi.

    Viens, mon luth ! sous mes doigts viens résonner encore !
    Assez, dans mes ennuis, j’oubliai tes accents ;
    Assez tu reposas sur la plage sonore
    Dont...

  •  
    Toutes les Muses glorieuses
    N’ont pas au front le calme et la sérénité,
    Et dans le chœur sacré de ces nobles chanteuses
    Plus d’une grande voix sonne avec âpreté.
    L’une épanche son âme en plaintes infernales,
    Par les bois, et les monts, et les flots voyageurs ;
    L’...

  • Qu'il faut avoir l'esprit bizarre et de travers
    Pour suivre avec ardeur les Muses à la trace!
    Les gueuses qu'elles sont mettent à la besace
    Ceux à qui leurs secrets ont été découverts.

    Depuis que j'ai trouvé la source des beaux vers
    La fortune me fuit, le malheur m'embarrasse ;
    Je n'ai pour ma boisson que les eaux de Parnasse,
    Et pour tout vêtement...

  • ( Io! le Délien est né !
    J. Tahureau. Ode à Estienne Iodelle)

    Si, parjure aux Grâces attiques,
    D'une brosse maldocte elle a,
    A quatre épaisseurs d'encaustique,
    Vernissé la Minerve antique
    Du plus barbare des éclats ;

    Ou que, d'une bouche sans foudre,
    Elle ait, parodique, tenté
    La...

  • A Dieu vous dy, Muses Aoniennes,
    Vos musemens m'ont par trop arresté.
    Vos beaux guerdons sont-ce pas pauvreté,
    Langueur, soucy, ennuys, travaux et peines 7

    Et puis vantez vos eaux Pegasiennes !
    Puis promettez une immortalité !
    A Dieu, à Dieu : je n'ay que trop esté
    Repeu du vent de vos promesses vaines.

    Las ! qu'ay je dit ? ô Muses, revenez...

  • Muses, adieu, et votre chant jazard !
    Adieu Phoebus, et ma fière déesse !
    Livres, adieu, adieu la tourbe espesse
    De mes amys, adieu tout jeu mignard !

    Adieu guiterre, adieu luth babillard,
    Toute harmonie et tout son de liesse,
    Gemmes, parfums, et toute gentillesse,
    Tout lieu hanté, tout ombrage à l'écart !

    Ainsy la mort, par une blanche voye...

  • Ô Muses, accourez ; solitaires divines,
    Amantes des ruisseaux, des grottes, des collines !
    Soit qu'en ses beaux vallons Nîme égare vos pas ;
    Soit que de doux pensers, en de riants climats,
    Vous retiennent aux bords de Loire ou de Garonne ;
    Soit que, parmi les choeurs de ces nymphes du Rhône,
    La lune, sur les prés où son flambeau vous luit,
    Dansantes,...