Jacques Tahureau

  • Muses, adieu, et votre chant jazard !
    Adieu Phoebus, et ma fière déesse !
    Livres, adieu, adieu la tourbe espesse
    De mes amys, adieu tout jeu mignard !

    Adieu guiterre, adieu luth babillard,
    Toute harmonie et tout son de liesse,
    Gemmes, parfums, et toute...

  • Quand ma nymphette jolie
    Tourne devers moi ses yeux,
    Hors de moi s'enfuit ma vie,
    De moi navré furieux.
    Si une fois ma cruelle
    Détourne ses yeux de moi,
    Blessé de rage nouvelle,
    Je meurs en plus dur émôi.
    Que ferais-je donc pour vivre ?
    Quel...

  • D'où vient cela que l'envieuse rage,
    Qui les coeurs ronge, entreprend de blâmer
    Mes ans oisifs, et les vers un ouvrage
    D'un pauvre esprit et paresseux nommer,

    En m'accusant que je ne suis la trace,
    Étant dispos, de mes nobles aïeux,
    Qui ont conquis par la...

  • En quel fleuve areneux jaunement s'écouloit
    L'or, qui blondist si bien les cheveux de ma dame ?
    Et du brillant esclat de sa jumelle flamme,
    Tout astre surpassant, quel haut ciel s'emperloit ?

    Mais quelle riche mer le coral receloit
    De cette belle levre, où mon...

  • Ce n'est pas moy qui veut d'un feint ouvrage
    Par mille vers farder sa passion,
    Ou en flatant plaire à l'affection
    De l'amoureux inconstant et vollage :

    Ce n'est pas moy, qui, surpris d'une rage,
    Trouble, insensé, de sa conception
    Le vif dessein, ny doit l'...

  • Quand tu naquis en ces bas lieux
    Tous les dieux et les demi dieux
    Et les déesses plus bénines
    Gravèrent de lettres divines
    Dans ton astre bien fortuné
    "Le Délien est né !"
    Tout le Parnassien troupeau
    Chantant autour de ton berceau,
    Te prévoyant son...

  • Soit qu'esgaré par l'espesseur d'un bois,
    Ou par l'horreur de quelque antre sauvage,
    Ou soit qu'auprès d'un trepillant rivage,
    Je tranche l'air des souspirs de ma voix ;

    Soit qu'en resvant aux amoureuses loix,
    Du rossignol j'escoute le ramage,
    Ou qu'en...

  • Depuis le jour qu'il me convint distraire,
    Et d'avec moy, comme voeuf m'absenter,
    Je n'ay cessé de plaindre et lamenter,
    Traisnant ma vie amerement austere.

    Me desrobant dans un bois solitaire,
    Rien ne se vient à mes yeux presenter
    Fors une horreur, qui faict...

  • Ode

    Si en un lieu solitaire
    Les ennuis me font retraire
    Pour me plaindre tout seulet,
    Si je cherche les montagnes,
    Ou des plus vertes campagnes
    Le murmurant ruisselet ;
    Lors ces choses tant secrètes,
    Bien qu'aux autres soient muettes,
    Me voyant en tel...