Sur la montagne de la vie,
Au plateau de trente-cinq ans,
Soufflent mes coursiers, haletants,
De la Chimère poursuivie.
Je reste là quelques instants,
Brisé, mais l’âme inassouvie,
Promenant mon regard glacé
Sur l’avenir et le passé.
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Double vaisseau de ligne au long des colonnades,
Autrefois bâtiment au centuple sabord,
Aujourd'hui lourde usine, énorme coffre-fort
Fermé sur le secret des sourdes canonnades.Nos pères t'ont dansé de chaudes sérénades,
Ils t'ont fleuri du sang de la plus belle mort,
Quand au gaillard d'avant vers l'un et l'autre bord
Bondissait le troupeau... -
VI
Prêcher la guerre après avoir plaidé la paix !
Sagesse, dit le sage, eh quoi, tu me trompais !
O sagesse, où sont donc les paroles clémentes ?
Se peut-il qu'on t'aveugle ou que tu te démentes ?
Et la fraternité, qu'en fais-tu ? te voilà
Exterminant Caïn, foudroyant Attila !
- Homme, je ne t'ai pas trompé, dit la sagesse.... -
Soldats morts à la guerre,
Qui remplissez le sol mortuaire, là-bas,
Avec le spectacle encor rouge des combats
Dans vos yeux, sous la terre,
Voici venir pieusement vers vous les pas,
... -
LES USINES DE GUERREI
Avec les mille éclats de ses mille tonnerres,
Se glissant sous le sol, ou montant vers les cieux,
Avec tous ses marteaux, ses enclumes, ses feux,
La fumante industrie enveloppe la guerre.À la voir s’exalter...
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Quand j'ose voir Madame, Amour guerre me livre,
Et se pique à bon droit que je vay follement
Le cercher en son regne ; et alors justement
Je souffre d'un mutin temeraire la peine.
Or me tiens-je loing d'elle, et ta main inhumaine,
Amour, ne chomme pas : mais si aucunement,
Pitié logeoit en toy, tu devois vrayement
T'ayant laissé le camp, me... -
Menez-les, les
Chevaux du vent du Sud, à la rivière
Menez-les !... Dans l'entame de leurs plaies
Pareilles au sexe des vierges, les
Guerriers sanglants éteignent des tisons
Et mettent les aromates pilés :
Lui qui de tout tient le Milieu -
L'Homme-des-Sorts sait le Mot-dieu
Qui dompte le sang noir et les
Esprits aigus dans les poisons... -
La guerre suis en train de mort,
Qui n'attent que à passer le pas ;
Mais conscience me remort
Tant fort que j'en pers mon repas ;
Et pour cause que je n'ay pas
Satisfaict aux miens plainement,
Il me fault, avant mon trespas,
Faire mon petit testament. ...
Je laisse aux abbaïes grandes
Cloistres rompus, dortoirs gastés,
Greniers... -
Le Printemps est évident, car
Du coeur des Propriétés vertes,
Le vol de Thiers et de Picard
Tient ses splendeurs grandes ouvertes !
Ô Mai ! quels délirants culs-nus !
Sèvres, Meudon, Bagneux, Asnières,
Ecoutez donc les bienvenus
Semer les choses printanières !
Ils ont shako, sabre et tam-tam,
Non la vieille boîte à bougies,
Et des... -
Je sens dedans mon âme une guerre civile,
D'un parti ma raison, mes sens d'autre parti,
Dont le brûlant discord ne peut être amorti
Tant chacun son tranchant l'un contre l'autre affile.
Mais mes sens sont armés d'un verre si fragile
Que si le coeur bientôt ne s'en est départi
Tout l'heur vers ma raison se verra converti,
Comme au parti plus fort,...