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    Les voilà ces chants funéraires,
    Faible tribut de ma douleur :
    Lisez ; le trépas de nos frères
    Pour vous, du moins, fut un malheur.

    Aux beaux jours de notre vaillance
    Leurs noms immortels sont liés ;
    Ils revivront chers à la France,
    Et mes vers seront oubliés.

    La jeunesse ira d’âge en âge,
    Parcourant des champs meurtriers,
    ...

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    Faites-vous de ces vers un intime entretien,
    Pardonnez-moi tous ceux où, pour la renommée,
    J’ai pu chanter l’amour sans vous avoir nommée,
    Où j’ai mis plus du cœur des autres que du mien.

    Mais à d’autres que vous ceux-ci ne diraient rien :
    La tendresse n’est là que pour vous exprimée ;
    A peine y verrait-on qu’une femme est aimée,
    Car je ne le...

  • Ah ! ces vers, fruits d'un doux prestige,
    Dont la flamme a su m'embraser,
    Ces vers, tendre essaim qui voltige,
    Belle ! sur ton sein que ne puis-je
    Les écrire avec un baiser !

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    Sur ce livre où, versant les trésors de son âme,
    Un poète a tracé de trop vrais désespoirs,
           Laissez parfois tomber, Madame,
    Un rayon attendri de vos yeux beaux et noirs.

    Sympathique à des chants que vous saurez entendre,
    Relisez-les, ces vers de tristesse embaumés ;
           Marquez la page la plus tendre
    D’une feuille, débris des fleurs...

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    JADIS, lorsque, dans un voyage,
    Le Roi de Perse rencontrait
    Un cèdre énorme au noir feuillage,
    Aïeul de toute une forêt,
    Par son orfèvre il faisait mettre
    Un cercle d’or autour du tronc,
    Pour que le verdoyant ancêtre
    Fût épargné du bûcheron.
    Dans le cours de la vie humaine,
    Moi, j’ai rencontré sous mes pas
    Un...

  • Fière, vous ne voulez jamais rien recevoir
    Que des fleurs, et des plus simples, des amarantes,
    Des lilas, des oeillets, des roses odorantes,
    Toutes choses qu'on peut trop aisément avoir.

    Je vous offre pourtant, pour remplir mon devoir,
    Le cadeau que voici. Ce ne sont pas des rentes,
    Mais quelques fins tableaux d'époques différentes
    Que vous...

  • A Madame ***

    I

    Ce livre errant qui va l'aile brisée,
    Et que le vent jette à votre croisée
    Comme un grêlon à tous les murs cogné,

    Hélas ! il sort des tempêtes publiques.
    Le froid, la pluie, et mille éclairs obliques
    L'ont assailli, le pauvre nouveau-né.

    Il est puni d'avoir fui ma demeure.
    Après avoir chanté, voici qu'il...