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    Nous qui ne verrons pas les vainqueurs revenir,
    Ceints de palmes de flamme et de gloires ailées,
    Et qui n’entendrons pas, sur nos tombes scellées,
    Leurs quadriges, dans le soir triomphal, hennir ;

    Qui n'admirerons pas, du fond des foules blêmes,
    Quelles haines aux bras furieux tresseront
    La couronne d’épine et de sang à leur front,
    Qui ne...

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    L’immense Être inconnu sourit. L’aube réveille
    Le ciron, la fourmi, la fleur des prés, l’abeille,
    Les nids chuchotants, les hameaux,
    La forêt aux profonds branchages, les campagnes,
    L’océan, le soleil derrière les montagnes,
    Mon âme derrière les maux.

    L’Être rêve. Il construit le lys dans le mystère ;
    Son doigt aide la taupe à faire un trou...

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    Hélas ! c’est donc ainsi que toute chose passe !
    Chaque jour qui s’enfuit n’est jamais racheté,
    Et le temps qui s’en va sans laisser nulle trace
    Nous porte lentement jusqu’à l’éternité.

    Mais nul ne connaît l’heure où la course s’achève.
    Alcyons fugitifs sur l’écume des flots,
    Nous allons, poursuivis par un semblable rêve,
    Mêlant la joie aux...

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    IL y a bien longtemps que j’attends, sans savoir…
    Depuis qu’une âme en moi respire, chante ou pleure,
    J’écoute s’approcher, joyeux ou triste, l’heure
    Qui bénira mon rêve ou tuera mon espoir !

    Qu’est-ce donc ? Ah ! mon cœur est comme un grand trou noir !
    Seule, l’incertitude anxieuse y demeure.
    Mais qu’un peu de lumière efficace l’effleure,
    J’...

  • Du temps que j'étais écolier sauvage
    En un vieux collège aux livres moisis,
    S'en vint jusqu'à moi, s'en vint une page
    D'un recueil tout frais de « Morceaux choisis ».

    Comme l'eau d'avril au creux des fontaines,
    Ainsi le printemps riait dans ces vers.
    Je lus - et je vis, aux brumes lointaines,
    S'ouvrir les yeux neufs d'un autre univers.

    Je n'...