Qui donc frappe à cette heure ? — Un voyageur si las
Qu’il ne pourrait pas faire un pas de plus. — Hélas !
Entre, j’ai vu l’appel que ton bras faible agite ;
Et dis ce qu’il te faut, tu l’auras. — Rien qu’un gîte,
Rien qu’un lit. — Mais d’abord qu’un feu clair &...

Poet: Léon Valade

Le front a des blancheurs mates de cire vierge,
Car il est ignorant des choses du Malin,
Et l’âme transparaît sous la robe de lin
Comme à travers l’albâtre une flamme de cierge.

Le pied, chaussé de vair, de l’arabesque émerge,
Et la nuque, appuyée au nimbe d’argent...

La Satiété dort au fond de vos grands yeux ;
En eux plus de désirs, plus d’amour, plus d’envie ;
Ils ont bu la lumière, ils ont tari la vie,
Comme une mer profonde où s’absorbent les cieux.

Sous leur bleu sombre, on lit le vaste ennui des Dieux,
Pour qui toute...

Sur l’ais noir incrusté de nacre orientale,
Lourd comme un rituel du saint rite romain,
L’armoriai d’Espagne, en double parchemin
D’Alcoy, relié d’or, tout grand ouvert s’étale.

Une arabesque bleue aux rinceaux de carmin,
Plus éclatante qu’un vitrail de cathédrale...

C’est le soir, le couchant allumant ses fournaises
Semble un fondeur penché qui ravive des braises ;
Comme un bouclier d’or à la forge rougi,
Par un brouillard sanglant le soleil élargi
Plonge dans un amas de nuages étranges
Qui font traîner sur l’eau la pourpre de...

Sur le fleuve d’oubli, feuillages d’or séchés,
Tous nos moments heureux s’en vont loin de nos rives.
Le temps disperse au loin les heures fugitives
Ainsi qu’un tourbillon d’oiseaux effarouchés.

Mordons à belles dents aux fruits sur nous penchés ;
Laissons-nous...

Sakhar, fils de Sharîd, homme plein de vaillance,
Dans un combat reçut au flanc un coup de lance ;
La blessure n’était point bonne, &, dans son lit,
Depuis un an bientôt tristement il languit.

Sa femme, qui le soigne & qui le quitte à peine,
Y trouve tant d...

Qu’elle est belle avec ses grands yeux,
Ses yeux profonds, mystérieux
Comme le ciel où se déplie
L’ombre des soirs silencieux !
Un amour insensé me lie !

Neige blanche des hauts sommets,
Son âme froide n’a jamais
Compris les tourments de ma vie :
...

LA NOURRICE.

Tu vis ! ou vois-je ici l’ombre d’une princesse ?
À mes lèvres tes doigts & leurs bagues, & cesse
De marcher dans un âge ignoré !

HÉRODIADE.
...

Sorti pendant le jour dans les bosquets secrets,
Sous un ciel apaisé, murmurant & plus frais.
J’observais par endroits quelque arbre des allées,
Mêlant à de plus verts ses branches dépouillées :
« Oh ! ce n’est pas l’automne encore (& je passais) ;
Ces...