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    Nous revenions d’un long voyage,
    Las de la mer et las du ciel.
    Le banc d’azur du cap Fréhel
    Fut salué par l’équipage.

    Bientôt nous vîmes s’élargir
    Les blanches courbes de nos grèves ;
    Puis, au cher pays de nos rêves,
    L’aiguille des clochers surgir.

    Le son d’or des cloches normandes
    Jusqu’à nous s’égrenait dans l’air ;
    Nous...

  • Faut-il donc que ce petit livre
    Où plein d’espoir chante l’Amour,
    Te trouve souffrante en ce jour,
    Toi, pour qui seule je veux vivre ?

    Faut il qu’au moment tant béni
    Ce mal affreux t’ait disputée
    A ma tendresse épouvantée
    Et de ton chevet m’ait banni ?

    — Mais puisque enfin sourit encore
    Après l’orage terminé
    L’avenir, le front...

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    J’ai voulu, le premier jour,
    Vendre mes chansons d’amour ;
    J’étais bien novice !
    Ô mes dignes manuscrits,
    L’épicier qui vous a pris
    M’a rendu service.

    Le second, j’ai, sur le quai,
    Vendu mon couvert marqué,
    Vieux meuble d’histoire,
    Où mon aïeule, en mordant,
    Cassa sa dernière dent,
    Sous le Directoire.

    Le...

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    À l’Air, le dieu puissant qui soulève les ondes
                 Et fouette les hivers,
    À l’Air, le dieu léger qui rend les fleurs fécondes
                 Et sonores les vers,
    Salut ! C’est le grand dieu dont la robe flottante
                 Fait le ciel animé ;
    Et c’est le dieu furtif qui murmure à l’amante :
                 « Voici le bien-aimé. »...

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           Sonne la chanterelle
           Et suis ma voix, le long
           De la « Chanson pour Elle. »

                                                           * * *

    L’amoureuse n’est plus et le poète est mort ;
    Mais la chanson d’amour, vivante, chante encor.

    La chanson s’alanguit encore de leurs fièvres
    En s’exhalant, le soir, aux lents soupirs des...

  • Brins d'osier, brins d'osier,
    Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

    Brins d'osier, vous serez le lit frêle où la mère
    Berce un petit enfant aux sons d'un vieux couplet :
    L'enfant, la lèvre encor toute blanche de lait,
    S'endort en souriant dans sa couche légère.

    Brins d'osier, brins d'osier,
    Courbez-vous assouplis sous les doigts...

  • Si j'étais noble Faucon,
    Tournoîrais sur ton balcon...
    - Taureau : foncerais ta porte...
    - Vampire : te boirais morte...
    Te boirais !

    - Geôlier : lèverais l'écrou...
    - Rat : ferais un petit trou...
    Si j'étais brise alizée,
    Te mouillerais de rosée...
    Roserais !

    Si j'étais gros Confesseur,
    Te fouaillerais, ô Ma Soeur !
    Pour...

  • J'ai sablé le vin, j'ai humé les roses ;
    J'ai cueilli la fleur du plus beau baiser :
    Je ne trouve plus au fond de ces choses
    De quoi me griser...

    Les jours ont brillé sur ma tête pâle
    Sans m'apprendre rien du Tout qu'il y a :
    Mon coeur m'apparaît comme sort d'un châle
    Un camélia...

    Jeunesse, éclair ! jours enfuis comme un rêve !
    ...

  • A l'Air, le dieu puissant qui soulève les ondes
    Et fouette les hivers,

    A l'Air, le dieu léger qui rend les fleurs fécondes
    Et sonores les vers,

    Salut ! C'est le grand dieu dont la robe flottante
    Fait le ciel animé ;

    Et c'est le dieu furtif qui murmure à l'amante :
    "Voici le bien-aimé."

    C'est lui qui fait courir le long des...

  • Sans amis, sans parents, sans emploi, sans fortune,
    Je n'ai que la prison pour y passer la nuit.
    Je n'ai rien à manger que du gâteau mal cuit,
    Et rien pour me vêtir que déjeuners de lune.

    Personne je ne suis, personne ne me suit,
    Que la grosse tsé-tsé, ma foi ! fort importune ;
    Et si je veux chanter sur les bords de la Tune
    Un ami vient me dire :...