J'ai sablé le vin, j'ai humé les roses ;
J'ai cueilli la fleur du plus beau baiser :
Je ne trouve plus au fond de ces choses
De quoi me griser...
Les jours ont brillé sur ma tête pâle
Sans m'apprendre rien du Tout qu'il y a :
Mon coeur m'apparaît comme sort d'un châle
Un camélia...
Jeunesse, éclair ! jours enfuis comme un rêve !
Flambeaux morts de gloire en cendre à mes pieds,
Le Temps vous a pris comme un aigle enlève
Les sanglants ramiers !
A mes pieds, des flots ô plèbe insultante !
Du lâche Destin prête-nom menteur !
Arrière, Avenir qu'attend sous la tente
Achille et mon coeur !
Passions, passé, crache ça, mon âme,
Comme ces hauts cieux d'éclairs déchirés
Vident par cent trous dans les eaux leur flamme :
Homme, ici mourez !
Non, vivons ! Mais si, dans l'atroce lutte,
Je dois au vain flot céder le terrain,
A ma lèvre expire en silence, Ô flûte
Morte dans l'airain !