Sonne la chanterelle
Et suis ma voix, le long
De la « Chanson pour Elle. »
* * *
L’amoureuse n’est plus et le poète est mort ;
Mais la chanson d’amour, vivante, chante encor.
La chanson s’alanguit encore de leurs fièvres
En s’exhalant, le soir, aux lents soupirs des lèvres.
Le poète est sous terre et l’amoureuse aussi :
Ils dorment, l’un tout près de l’autre, sans souci
Des désirs qu’ils n’ont plus la chanson est brûlante ;
De leur bonheur passé la chanson seule chante.
Ils sont un peu de cendre au fond de deux cercueils,
Et la chanson exalte encore leur orgueil.
Elle était belle et douce aussi, la Bien-Aimée ;
La chanson de son souffle est toute parfumée.
Elle était reine, et lui grand prince ami de l’Art :
La chanson que je chante est du temps de Ronsard.
* * *
Sonne la chanterelle
À ton vieux violon,
Et suis ma voix, le long
De la « Chanson pour Elle. »