• Le cimetière aux violettes
    Embaume tous les alentours.
    Les lézards y font mille tours
    Au parfum de ses cassolettes.

    Que de libellules follettes
    Y sont vaines de leurs atours !
    Le cimetière aux violettes
    Embaume tous les alentours.

    Et, champ de morts, nid de squelettes
    Qui trompe le flair des vautours,
    Il dort au bas des vieilles...

  •  
    À mes frères aînés, écoliers éblouis,
    Ce qui suit fut conté par mon oncle Louis,
    Qui me disait à moi, de sa voix la plus tendre :
    — Joue, enfant ! — me jugeant trop petit pour comprendre.
    J'écoutais cependant, et mon oncle disait :

    — Une bataille, bah ! savez-vous ce que c'est ?
    De la fumée. À l'aube on se lève, à la brune
    On se couche ; et je...

  • XIV

    La foule des vivants rit et suit sa folie,
    Tantôt pour son plaisir, tantôt pour son tourment ;
    Mais par les morts muets, par les morts qu’on oublie,
    Moi, rêveur, je me sens regardé fixement.

    Ils savent que je suis l’homme des...

  • Toute chose, ici-bas, cherchant Dieu comme un pôle,
    Se tourne, en frémissant, vers son dôme éternel :
    Élancé dans les airs, le mont, sur son épaule,
    Comme un pavillon bleu porte le vaste ciel.

    Le cèdre du Liban, loin de la roche nue,
    Pousse toute sa sève à flots tumultueux,
    Géant désespéré qui, pour toucher la nue,
    Hausse son front superbe et tord...

  •  
    Dans le vieux cimetière, où cette chaude pluie
         Sur l'aubépine en fleurs
    A versé, dans un flot que le soleil essuie,
         Des parfums et des pleurs ;

     Au coucher du soleil, dans le vieux cimetière
         Où, sur chaque tombeau,
    Des bouquets de rayons empourprent l'humble pierre,
         Entrons, il y fait beau !

    Le ciel, bariolé par la...

  • Qu’est-ce que le tombeau ? — Le vestiaire où l’âme,
    Au sortir du théâtre et son rôle joué,
    Dépose ses habits d’enfant, d’homme ou de femme,
    Comme un masque qui rend un costume loué !

  • À la morne chartreuse, entre des murs de pierre,
    En place de jardin l’on voit un cimetière,
    Un cimetière nu comme un sillon fauché,
    Sans croix, sans monument, sans tertre qui se hausse :
    L’oubli couvre le nom, l’herbe couvre la fosse ;
    La mère ignorerait où son fils est couché.

    Les végétations maladives du cloître
    Seules sur ce terrain peuvent germer...

  • Avis aux amateurs de la gaîté française
    Le printemps fait neiger, dans le Père-Lachaise,
    Les fleurs des marronniers sur les arbres muets,
    Et la fosse commune est pleine de bleuets ;
    Le liseron grimpeur fleurit les croix célèbres ;
    Les oiseaux font l’amour près des bustes funèbres ;
    Et l’on voit un joyeux commissaire des morts,
    Tricorne en tête et...

  • La tristesse des lieux sourit, l'heure est exquise.
    Le couchant s'est chargé des dernières couleurs,
    Et devant les tombeaux, que l'ombre idéalise,
    Un grand souffle mourant soulève encor les fleurs.

    Salut, vallon sacré, notre terre promise !...
    Les chemins sous les ifs, que peuplent les pâleurs
    Des marbres, sont muets ; dans le fond, une église
    Monte son...

  • A la morne Chartreuse, entre des murs de pierre,
    En place de jardin l'on voit un cimetière,
    Un cimetière nu comme un sillon fauché,
    Sans croix, sans monument, sans tertre qui se hausse :
    L'oubli couvre le nom, l'herbe couvre la fosse ;
    La mère ignorerait où son fils est couché.

    Les végétations maladives du cloître
    Seules sur ce terrain peuvent...