•                    •  I  •

                      MARINA.
    Vois-tu ! si j’avais ta beauté,
    Cousine, et sa fleur jeune et tendre,
    Je me garderais bien d’attendre,
    Seule dans ma fidélité.
    Pour un marin qui trace l’onde
    Au lieu de m’ennuyer au monde,
                    Ma foi !
    J’aurais plus de plaisirs que toi.

    ...
  • Sombre douleur, dégoût du monde,
    Fruit amer de l’adversité,
    Où l’âme anéantie, en sa chute profonde,
    Rêve à peine à l’...

  • Je m’ignorais encor, je n’avais pas aimé.
    L’amour ! si ce n’est toi, qui pouvait me l’apprendre ?
    À quinze ans, j’entrevis un enfant désarmé ;
    Il me parut plus folâtre que tendre :
        D’un trait sans force il effleura mon cœur ;
        Il fut léger comme un riant mensonge ;
    Il offrait le plaisir, sans parler de bonheur ;
        Il s’envola. Je ne perdis qu...

  • Quoi ! les flots sont calmés, et les vents sans colère
    Aplanissent la route où je vais m’égarer !
    J’ai vu briller le phare, et l’onde qui s’éclaire
    Double l’affreux signal qui doit nous séparer !
    Que fait-il ? Ah ! s’il dort, il rêve son amie ;
    Bercé dans mon image, il attend le réveil :
    Comme l’onde paisible, il me croit endormie,
    Et son rêve abusé...

  • Dusses-tu me punir de rompre la première
    Le serment imprudent qui fit pleurer l’amour ;
    Dusses-tu repousser l’invincible retour
    Qui ramène vers toi mon âme tout entière ;
    Cette raison cruelle, où se cache l’orgueil,
            M’a déjà coûté tant de larmes !
            Va ! la souffrance est un écueil
            Où viennent se briser ses armes.

    Et toi,...

  • Il fait nuit : le vent souffle et passe dans ma lyre ;
    Ma lyre tristement s’éveille auprès de moi :
    On dirait qu’elle pleure un tourment, un délire ;
    On dirait qu’elle essaie à se plaindre de toi ;
    De toi, qu’elle appelait pour m’aider à t’attendre,
    Qui la rendis si vraie, et par malheur si tendre !
    Car tu ne peux ravir à ses accords touchants
    Ton nom...

  • J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu.
    Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne ;
    Ton nom m’en avertit par un trouble imprévu,
    Ton âme s’y cachait pour éveiller la mienne.
    Je l’entendis un jour, et je perdis la voix ;
    Je l’écoutai longtemps, j’oubliai de répondre.
    Mon être avec le tien venait de se confondre,
    Je crus qu’on m’appelait pour...

  • Il avait dit un jour : « Que ne puis-je auprès d’elle,
    ( Elle, alors, c’était moi ! ) que ne puis-je chercher
    Ce bonheur entrevu qu’elle veut me cacher !
    Son cœur paraît si tendre ; oh ! s’il était fidèle ! »
    Puis, fixant ses regards sur mon front abattu,
    Du charme de ses yeux il m’accablait encore,
                Et ses yeux que j’adore
    Portaient jusqu’...

  •     Peut-être un jour sa voix tendre et voilée
        M’appellera sous de jeunes cyprès :
        Cachée alors au fond de la vallée,
    Plus heureuse que lui, j’entendrai ses regrets.
    Lentement, des coteaux je le verrai descendre ;
    Quand il croira ses pas et ses vœux superflus,
    Il pleurera ! ses pleurs rafraîchiront ma cendre :
    Enchaînée à ses pieds, je ne le...

  • Mère ! faut-il donner quand le pauvre est bien laid ?
    Qu’il ne fait pas sa barbe et qu’elle est toute noire,
         Et qu’il ne dit pas s’il vous plaît !
    Faut-il donner ?
                — Enfant ! tu n’as pas de mémoire :
    Le pauvre qui demande est l’envoyé de Dieu ;
    Qu’importe s’il a fait sa barbe et sa parure ;
    Il est beau du malheur écrit sur sa figure,...