Élégie : « Peut-être un jour sa voix tendre et voilée »

    Peut-être un jour sa voix tendre et voilée
    M’appellera sous de jeunes cyprès :
    Cachée alors au fond de la vallée,
Plus heureuse que lui, j’entendrai ses regrets.
Lentement, des coteaux je le verrai descendre ;
Quand il croira ses pas et ses vœux superflus,
Il pleurera ! ses pleurs rafraîchiront ma cendre :
Enchaînée à ses pieds, je ne le fuirai plus.
Je ne le fuirai plus : je l’entendrai ; mon âme,
Brûlante autour de lui, voudra sécher ses pleurs ;
Et ce timide accent, qui trahissait ma flamme,
Il le reconnaîtra dans le doux bruit des fleurs.

Oh ! qu’il trouve un rosier mourant et solitaire ;
Qu’il y cherche mon souffle et l’attire en son sein ;
Qu’il dise : « C’est pour moi qu’il a quitté la terre ;
Ses parfums sont à moi, ce n’est plus un larcin. »
Qu’il dise : « Un jour à peine il a bordé la rive ;
Son vert tendre égayait le limpide miroir ;
Et ses feuilles déjà dans l’onde fugitive
Tombent : faible rosier, tu n’as pas vu le soir ! »

Alors, peut-être, alors l’hirondelle endormie,
À la voix d’un amant qui pleure son amie,
S’échappera du sein des parfums précieux,
Emportant sa prière et ses larmes aux cieux :
Alors, rêvant aux biens que ce monde nous donne,
il laissera tomber sur le froid monument
Les rameaux affligés dont la gloire environne
            Son front triste et charmant.

Alors je resterai seule, mais consolée ;
Les vents respecteront l’empreinte de ses pas.
Déjà je voudrais être au fond de la vallée ;
Déjà je l’attendrais . . . Dieu ! s’il n’y venait pas !

Collection: 
1806

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