Élégie : « J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu »

J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu.
Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne ;
Ton nom m’en avertit par un trouble imprévu,
Ton âme s’y cachait pour éveiller la mienne.
Je l’entendis un jour, et je perdis la voix ;
Je l’écoutai longtemps, j’oubliai de répondre.
Mon être avec le tien venait de se confondre,
Je crus qu’on m’appelait pour la première fois.

Savais-tu ce prodige ? Eh bien, sans te connaître,
J’ai deviné par lui mon amant et mon maître ;
Et je le reconnus dans tes premiers accents,
Quand tu vins éclairer mes beaux jours languissants.
Ta voix me fit pâlir, et mes yeux se baissèrent ;
Dans un regard muet nos âmes s’embrassèrent ;
Au fond de ce regard ton nom se révéla,
Et sans le demander j’avais dit : Le voilà !

Dès lors il ressaisit mon oreille étonnée ;
Elle y devint soumise, elle y fut enchaînée.
Comme un timbre vivant, l’écho du souvenir
Appelait par ton nom l’écho de l’avenir.
Je le lisais partout, ce nom rempli de charmes,
Et je le relisais, et je versais des larmes.
D’un éloge enchanteur toujours environné,
À mes yeux éblouis il s’offrait couronné.
Je l’écrivais… bientôt je n’osai plus l’écrire,
Et mon timide amour le changeait en sourire.
Il me cherchait la nuit, il berçait mon sommeil ;
Il résonnait encore autour de mon réveil ;
Il errait dans mon souffle, et lorsque je soupire
C’est lui qui me caresse et que mon cœur respire.

Nom chéri ! nom charmant ! oracle de mon sort !
Hélas ! que tu me plais, que ta grâce me touche !
Tu m’annonças la vie, et, mêlé dans la mort,
Comme un dernier baiser tu fermeras ma bouche.

Collection: 
1806

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