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    LE soleil rouge, au bout des terres labourées,
    Descend à l’horizon couleur d’ardoise, lent…
    La campagne a cessé son effort violent ;
    C’est l’heure du silence et des flammes pourprées.

    Gloire à l’automne ! gloire aux tranquilles vesprées !
    Murmure l’âme loin du tumulte troublant.
    La sérénité plane ici ; l’arbre tremblant
    Frissonne de bonheur...

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    À Arsène Houssaye.

    Décembre est revenu dans la pluie et la bise
    L’eau du ciel a troublé le miroir des étangs ;
    Les peupliers frileux s’y regardent longtemps,
    Ne reconnaissant plus leur image indécise.

    Plus de feuilles aux bois ; pas un oiseau dans l’air. —
    Voilà presque deux mois qu’elles sont disparues
    Les grandes légions des cygnes...

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    Le torrent a franchi ses bords
    Et gagné la pierraille ocreuse ;
    Le meunier longe avec efforts
    L’ornière humide qui se creuse.
    Déjà le lézard engourdi
    Devient plus frileux d’heure en heure ;
    Et le soleil du plein midi
    Est voilé comme un œil qui pleure.

    Les nuages sont revenus,
    Et la treille qu’on a saignée
    Tord ses longs bras...

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    Les arbres comme autant de vieillards rachitiques,
    Flanqués vers l’horizon sur les escarpements,
    Tordent de désespoir leurs torses fantastiques,
    Ainsi que des damnés sous le fouet des tourments.

    C’est l’Hiver ; c’est la Mort ; sur les neiges arctiques,
    Vers le bûcher qui flambe aux lointains campements,
    Les chasseurs vont frileux sous leurs lourds...

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    Déjà cette prairie en commençant l’hiver
    Étendait son tapis d’herbe courte et fripée,
    Elle languit encor, de plus en plus râpée,
    D’un gris toujours plus pâle et moins mêlé de vert.

    Et pourtant, il y vient, poussant leur douce plainte,
    Dressant l’oreille au vent qu’ils semblent écouter,
    Quelques pauvres moutons qui tâchent de brouter
    Ce regain...

  • Il est un ciel limpide où s’éteint le zéphyr,
    Où la clarté se meurt sur les champs d’asphodèles,
    Et là-bas, dans le vol de leur dernier soupir,
    Vient l’âme sans espoir des Amantes fidèles.

    Là-bas, la rose même a d’étranges pâleurs,
    Les...

  • la nuit coupe ronde
    qui dans la laine bleue du calme s’enlise
    vilno ville église
    dort blanche colombe

    enjambant la ruelle cette arcade
    maison serrant la main d’une autre
    c’est figée soudain

    le reverbére leur blafarde
    se panche sur la pave clignote
    et le vent fait vibre le jardin

    la vilia s’allonge
    gronde contre...

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    J’aime à suivre le bord des petites rivières
    Qui cheminent sans bruit dans les bas-fonds herbeux.
    A leur fil d’argent clair viennent boire les bœufs,
    Et tournoyer le vol des jaunes lavandières.

    J’en sais qui passent loin des grands fleuves bourbeux,
    Diaphanes miroirs des plantes printanières,
    Et les reines des prés s’y penchent les premières
    ...

  • Il pleut, que la mer
    n’a pas autant d’eau
    que ce triste hiver !
    Et pas un bateau

    Sur le lac d’Auber
    où - pleurez, roseau ! -
    le zéphir amer
    emporte un chapeau !

    C’est celui du tri -
    ste sant - alari
    que son âme n’a

    encor pour mari ;
    cependant qu’a ri
    Mossieu Roffina !


  • ...