• Coteaux fins aux grands cyprès noirs,
    Pour faire vos gammes exquises
    Vous n’avez pas besoin des soirs
    Ni des aurores indécises.

    Dans les claires heures du jour,
    Vous dressez, couronné de vignes,
    Vers le ciel tendre avec amour,
    Votre front grec aux belles lignes.

    Sereins et purs, point élevés,
    Votre harmonie où l’azur flotte
    Déroule...

  • Tout dort. Les ponts avec le gaz de leurs lanternes
    Se reflètent dans l’eau profonde. Entre les quais
    Voguent péniblement des bateaux remorqués,
    Et voici l’Hôtel-Dieu que flanquent des casernes.

    Voyez, se découpant sur les nuages ternes,
    Un vague entassement d’édifices tronqués,
    De vieux donjons pareils à des géants masqués,
    D’ogives, de créneaux, de...

  • Il est charmant ce paysage,
    Peu compliqué, mais que veux-tu ?
    Ce n’est qu’une mer de feuillage
    Où, timide, à peine surnage
    Un tout petit clocher pointu.

    Au premier plan, toujours tranquille,
    La Saône reluit au matin.
    Par instants de l’herbe immobile
    Un bœuf se détache et profile
    Ses cornes sur le ciel lointain.

    Vis-à-vis, gardant...

  •  

    Versailles où l’éclat des roses s’échelonne,
    Les jardins suspendus jadis à Babylone,
    Et les fruits de rubis des Mille et une Nuits,
    Ont charmé longuement mes innocents ennuis,
    Mais, à présent, mûri par notre époque triste,
    Je fuis ces visions qui poursuivent l’artiste,
    Et mon regard rêveur s’abaisse volontiers
    Vers la loge, où, contents...

  • Voici la bonne paix obscure
    D’un étrange soir automnal.
    Le crépuscule transfigure
    Les toits gris et le ciel banal.

    Et chaque ligne se découpe
    Sur le velours épais des soirs :
    Un dôme au loin est une coupe
    Qui plonge sur des...

  •                Pas une feuille qui bouge,
                   Pas un seul oiseau chantant ;
                   Au bord de l’horizon rouge
                   Un éclair intermittent ;

                   D’un côté, rares broussailles,
                   Sillons à demi noyés,
                   Pans grisâtres de murailles,
                   Saules noueux et ployés ;

    ...
  •  
    Midi. L’astre au zénith flamboyait dans les cieux.
    L’azur immaculé, profond et radieux,
    Posait sur l’horizon sa coupole sereine.
    Le fleuve au loin passait, lent, sur la brune arène.
    Des vallons aux coteaux, des coteaux aux vallons,
    Les champs jaunis ou verts prolongeaient leurs sillons.
    Sur les versants ombreux des collines prochaines
    La forêt...

  • À travers les massifs des pâles oliviers
    L’Archer resplendissant darde ses belles flèches
    Qui, par endroits, plongeant au fond des sources fraîches,
    Brisent leurs pointes d’or contre les durs graviers.

    Dans l’air silencieux ni souffles ni bruits d’ailes,
    Si ce n’est, enivré d’arôme et...

  •  
    À SCOUTTETEN

    SUR les eaux et les bois descend la paix du soir
    Et, de l’horizon d’or, comme d’un encensoir,
    Honte un souffle attiédi qui vibre sous la nue.
    Derrière le taillis, la lune va frangeant
    Les nuages massifs d’un long frisson d’argent,
    Pour en faire un balcon à son épaule nue.

  • Vers Saint-Denis c’est bête et sale la campagne.
    C’est pourtant là qu’un jour j’emmenai ma compagne.
    Nous étions de mauvaise humeur et querellions.
    Un plat soleil d’été tartinait ses rayons
    Sur la plaine séchée ainsi qu’une rôtie.
    C’était pas trop après le Siège : une partie
    Des « maisons de campagne » était à terre encore,
    D’autres se relevaient comme...