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    Elle passa comme un parfum de fleur d’automne.
    J’espérais la revoir et ne la voyais plus ;
    Mon cœur était lassé de ne trouver personne,
    Mes yeux étaient lassés d’avoir été déçus.

    Un soir, comme j’errais, pensif et rêvant d’elle,
    Que je voyais au loin les plaines s’endormir,
    Et les horizons roux devant la nuit grandir,
    Et, comme le soleil, l’...

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     La nuit jette sur la dune
     Ses diamants comme un roi.
     Elle est blanche comme toi,
     Sous les doux rayons de lune.

     Tes yeux, ô magicienne,
     Confondent leur ciel obscur
     Avec l'implacable azur
     De la mer Tyrrhénienne.

     Mille fleurs s'épanouissent
     Près de son riant bassin,
     De même que sur ton sein
     De folles roses...

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    Comme il n’avait pas dîné,
    Comme les bourgeois honnêtes
    Tout le jour avaient berné
    Le faiseur de chansonnettes,

    Triste et pâle, sur le soir,
    Prêt pour la dernière épreuve,
    Loin du monde, il vint s’asseoir
    Et chanter au bord du fleuve.

    Il chanta les longs tourments
    De l’amour et de la gloire,
    Et son hymne, par moments,...

  • Étoiles ! tourbillon de poussière sublime
    Qu’un vent mystique emporte au fond du ciel désert,
    À vouloir vous compter, notre calcul se perd
    Dans le vertigineux mystère de l’abîme.

    Étoiles, tourbillon de poussière sublime !

    Le puissant télescope ouvre son œil en vain.
    Vous n’avez pas livré le secret de votre être,
    Et nous vous admirons sans pouvoir...

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    À Agénor Brady.

    Roulant dans la nuit solitaire,
    Les astres dirent à la terre :
    « Où vas-tu, monde audacieux ?
    Comme un point perdu dans l’espace,
    Ton orbe étroit tremble et s’efface,
    Mais toujours on connaît ta place,
    Au bruit que tu fais dans les cieux !

    « Ô terre dont le flanc tressaille,
    Quel enfantement te travaille ?...

  • A Mme de P***.
    Il est pour la pensée une heure... une heure sainte,
    Alors que, s'enfuyant de la céleste enceinte,
    De l'absence du jour pour consoler les cieux,
    Le crépuscule aux monts prolonge ses adieux.
    On voit à l'horizon sa lueur incertaine,
    Comme les bords flottants d'une robe qui traîne,
    Balayer lentement le firmament obscur,
    Où les astres ternis...

  • ... A l'heure où sur la mer le soir silencieux
    Efface les lointaines voiles,
    Où, lente, se déploie, en marche dans les cieux,
    L'armée immense des étoiles,

    Ne songes-tu jamais que ce clair firmament,
    Comme la mer a ses désastres ?
    Que, vaisseaux envahis par l'ombre, à tout moment
    Naufragent et meurent des astres ? [...]

  • Il pleuvait. Les tristes étoiles
    Semblaient pleurer d'ennui.
    Comme une épée, à la minuit,
    Tu sautas hors des toiles.

    - Minuit ! Trouverai-je une auto,
    Par ce temps ? Et le pire,
    C'est mon mari. Que va-t-il dire,
    Lui qui rentre si tôt ?

    - Et s'il vous voyait sans chemise,
    Vous, toute sa moitié ?
    - Ne jouez donc pas la pitié.
    -...

  • Tombez, ô perles dénouées,
    Pâles étoiles, dans la mer.
    Un brouillard de roses nuées
    Émerge de l'horizon clair ;
    À l'Orient plein d'étincelles
    Le vent joyeux bat de ses ailes
    L'onde que brode un vif éclair.
    Tombez, ô perles immortelles,
    Pâles étoiles, dans la mer.

    Plongez sous les écumes fraîches
    De l'Océan mystérieux.
    La lumière...

  • Un soir d'été, dans l'air harmonieux et doux,
    Dorait les épaisses ramures ;
    Et vous alliez, les doigts rougis du sang des mûres,
    Le long des frênes et des houx.

    O rêveurs innocents, fiers de vos premiers songes,
    Coeurs d'or rendant le même son,
    Vous écoutiez en vous la divine chanson
    Que la vie emplit de mensonges.

    Ravis, la joue en fleur, l'...