Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,
Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,
J'allai voir la proscrite en pleine forfaiture,
Et lui glissai dans l'ombre un pot de confiture
Contraire aux lois. Tous ceux sur qui, dans ma cité,
Repose le salut de la société,
S'indignèrent, et Jeanne a dit d'une voix douce :
- Je ne toucherai plus mon nez...
-
-
C'était au jour piteux que la troupe sacrée
Des morts en Jésus-Christ avait trêve et repos,
Gisant sous la froideur du cercueil en dépôt,
Quand de maint Requiem leur âme est honorée.
Lors au dur souvenir de la seconde année
Que mon coeur est défunt, pour s'être vu forclos
D'un oeil en qui le ciel a mon destin enclos,
Je formais tels sanglots d'une... -
L'ANGÉLUS sonnait, et l'enfant sur sa couche de douleur
souffrait d'atroces maux ; il avait à peine quinze ans, et les
froids autans contribuaient beaucoup à empirer son mal.
Mais pourtant sa mère qui se lamentait au pied du
lit, l'attristait encore plus profondément et augmentait en
quelque sorte sa douleur.
Soudain, joignant ses mains pâles en une... -
J'étais un faible enfant qu'elle était grande et belle ;
Elle me souriait et m'appelait près d'elle.
Debout sur ses genoux, mon innocente main
Parcourait ses cheveux, son visage, son sein,
Et sa main quelquefois, aimable et caressante,
Feignait de châtier mon enfance imprudente.
C'est devant ses amants, auprès d'elle confus,
Que la fière beauté me... -
Un jour le Ciel était superbement ému,
Quand l'odorante Flore étale sa richesse :
Moi - comme bon Chrétien - m'en allé à la Messe
Proposant d'amortir l'audace de mon feu :
Mais que m'en advint-il ? pardonne-moi, ô Dieu !
J'ai changé ton image en ma belle Maîtresse,
Et encore, ô malheur ! si grande était la presse,
Qu'on me vit pris d'Amour qui commande... -
S'il était vrai
Qu'une fleur des jardins ou qu'un arbre des prés
Pût conserver quelque mémoire
Des amants d'autrefois qui les ont admirés
Dans leur fraîcheur ou dans leur gloire
Notre amour s'en viendrait
En cette heure du long regret
Confier à la rose ou dresser dans le chêne
Sa douceur ou sa force avant la mort prochaine.
Il... -
C'était en juin, dans le jardin,
C'était notre heure et notre jour ;
Et nos yeux regardaient, avec un tel amour,
Les choses,
Qu'il nous semblait que doucement s'ouvraient
Et nous voyaient et nous aimaient
Les roses.
Le ciel était plus pur qu'il ne le fut jamais :
Les insectes et les oiseaux
Volaient dans l'or et dans la joie
D'un air... -
C'était ores, c'était qu'à moi je devais vivre,
Sans vouloir être plus que cela que je suis,
Et qu'heureux je devais de ce peu que je puis
Vivre content du bien de la plume et du livre.
Mais il n'a plu aux dieux me permettre de suivre
Ma jeune liberté, ni faire que depuis
Je vécusse aussi franc de travaux et d'ennuis,
Comme d'ambition j'étais franc et... -
C'était alors que le présent des dieux
Plus doucement s'écoule aux yeux de l'homme,
Faisant noyer dedans l'oubli du somme
Tout le souci du jour laborieux;
Quand un démon apparut à mes yeux
Dessus le bord du grand fleuve de Rome,
Qui, m'appelant du nom dont je me nomme,
Me commanda regarder vers les cieux :
Puis m'écria : Vois, dit-il, et... -
Ô que celui était cautement sage,
Qui conseillait, pour ne laisser moisir
Ses citoyens en paresseux loisir,
De pardonner aux remparts de Carthage !
Il prévoyait que le romain courage,
Impatient du languissant plaisir,
Par le repos se laisserait saisir
A la fureur de la civile rage.
Aussi voit-on qu'en un peuple otieux,
Comme l'humeur en...
- « first
- ‹ previous
- 1
- 2
- 3
- 4