C'était au jour piteux que la troupe sacrée

C'était au jour piteux que la troupe sacrée
Des morts en Jésus-Christ avait trêve et repos,
Gisant sous la froideur du cercueil en dépôt,
Quand de maint Requiem leur âme est honorée.

Lors au dur souvenir de la seconde année
Que mon coeur est défunt, pour s'être vu forclos
D'un oeil en qui le ciel a mon destin enclos,
Je formais tels sanglots d'une morte halénée :

Hélas ! Que suis-je moi ? Suis-je mort ? Suis-je vif ?
Le mort a ce jour d'hui un Requiem plaintif,
Et sur son froid tombeau flambe un funèbre cierge ;

Mais celle qui devait soupirer pour ma mort
Sur ma dépouille éteint cette chandelle vierge,
Qui aux ombres sans corps m'a fait descendre à tort.

Collection: 
1570

More from Poet

  • Hôte mélancolique
    Des tombeaux et des croix,
    J'errerai fantastique
    Aux effroyables bois,
    Compagnon des forêts
    Et des démons secrets.

    Les rochers solitaires,
    Oreillés à mes sons,
    Les Faunes et les Laires,
    Rediront mes chansons,
    Chansons...

  • Hélas ! mes tristes yeux sont changés en fontaines,
    Qui versent non de pleurs mais de larmes de sang,
    Et le trait dont Amour me transperça le sang
    Augmente incessamment mes angoisseuses peines.

    Toujours l'objet hideux de cent morts inhumaines
    Se présente à mes yeux...

  • Par le milieu des déserts écartés,
    Dans la frayeur des antres plus sauvages,
    Et sur le bord des plus lointains rivages,
    Je fuis les lieux des hommes habités,

    Et regrettant tes divines beautés,
    Seul à l'écart, j'écoute les ramages
    Des oiselets qui en mille...

  • Qui veut voir ici-bas un Astre reluisant,
    Et s'égayer au joug d'une douce misère,
    Voye mon beau Phénix, la réserve plus chère
    Qu'eut de mille ans le Ciel, qu'il nous offre à présent.

    Ce sacré saint oiseau, ce Phénix tout plaisant
    Qui par sa grand douceur adoucirait...

  • Vous rochers orgueilleux, et vous forêts fidèles
    Que je fais retentir de mes chants languissants,
    Antres qui répondez à mes tristes accents,
    Quand vous oyez le son de mes plaintes mortelles,

    Vous monts démesurés, et vous campagnes belles,
    Vous ombrages secrets,...