Flaminio de Birague

  • Hôte mélancolique
    Des tombeaux et des croix,
    J'errerai fantastique
    Aux effroyables bois,
    Compagnon des forêts
    Et des démons secrets.

    Les rochers solitaires,
    Oreillés à mes sons,
    Les Faunes et les Laires,
    Rediront mes chansons,
    ...

  • Hélas ! mes tristes yeux sont changés en fontaines,
    Qui versent non de pleurs mais de larmes de sang,
    Et le trait dont Amour me transperça le sang
    Augmente incessamment mes angoisseuses peines.

    Toujours l'objet hideux de cent morts inhumaines
    Se présente à mes...

  • Par le milieu des déserts écartés,
    Dans la frayeur des antres plus sauvages,
    Et sur le bord des plus lointains rivages,
    Je fuis les lieux des hommes habités,

    Et regrettant tes divines beautés,
    Seul à l'écart, j'écoute les ramages
    Des oiselets qui en mille...

  • Qui veut voir ici-bas un Astre reluisant,
    Et s'égayer au joug d'une douce misère,
    Voye mon beau Phénix, la réserve plus chère
    Qu'eut de mille ans le Ciel, qu'il nous offre à présent.

    Ce sacré saint oiseau, ce Phénix tout plaisant
    Qui par sa grand douceur...

  • Vous rochers orgueilleux, et vous forêts fidèles
    Que je fais retentir de mes chants languissants,
    Antres qui répondez à mes tristes accents,
    Quand vous oyez le son de mes plaintes mortelles,

    Vous monts démesurés, et vous campagnes belles,
    Vous ombrages secrets,...

  • Tous ces oiseaux qui sous la nuit obscure
    D'un triste vol se plaignent lentement
    Ne sont témoins du doux commencement
    De mon amour sainte, loyale et pure.

    Les clairs ruisseaux, les bois et la verdure
    Des prés fleuris d'un beau bigarrement
    Sont seuls...

  • Que me sert de verser deux ruisseaux de mes yeux,
    Si je ne puis caver le roc de son courage ?
    Hélas, je connais bien qu'en la fleur de mon âge
    Il faut que je m'en aille aux palus stygieux.

    Ô malheureux amour qui me rends furieux,
    Ensorcelant mes sens de ta...

  • C'était au jour piteux que la troupe sacrée
    Des morts en Jésus-Christ avait trêve et repos,
    Gisant sous la froideur du cercueil en dépôt,
    Quand de maint Requiem leur âme est honorée.

    Lors au dur souvenir de la seconde année
    Que mon coeur est défunt, pour s'être...

  • Renais, renais encor, Méduse monstrueuse,
    Et transforme en rocher par ton hideux regard
    Ce mien corps transpercé de maint amoureux dard,
    Comme sous forme humaine une mort outrageuse,

    Et mon esprit quittant sa prison douloureuse,
    Dont le destin voudra l'affranchir...

  • J'aime si hautement que je n'ose nommer
    La divine beauté reine de mon courage,
    De peur que le vulgaire ignorant et volage
    De ma témérité ne vienne me blâmer.

    Si veux-je toutefois plutôt me consumer,
    Aimant une déesse en peine et en servage,
    Et souffrir...