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    Quand vous m’avez quitté, boudeuse et mutinée
    Secouant mes baisers, comme un arbre ses fleurs,
    Je restai seul, debout, près de la cheminée,
    Me forçant au sourire, et me sentant des pleurs.

    C’était le premier doute et le premier nuage
    Dans ce beau ciel d’amour qu’un souffle peut ternir,
    Et me croyant bien fort, et me posant en sage,
    J’avais...

  • XXXII

    Quand vous vous assemblez, bruyante multitude,
    Pour aller le traquer jusqu’en sa solitude,
    Vous excitant l’un l’autre, acharnés furieux,
    — Ne le sentez-vous pas ? — le peuple sérieux,
    Qui rêvait à vos cris un dragon dans son...

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    Ô France, ton malheur m'indigne et m'est sacré.
    Je l'ai dit, et jamais je ne me lasserai
    De le redire, et c'est le grand cri de mon âme,
    Quiconque fait du mal à ma mère est infâme.
    En quelque lieu qu'il soit caché, tous mes souhaits
    Le menacent ; sur terre ou là-haut, je le hais.
    César, je le flétris ; destin, je le secoue.
    Je questionne l'...

  • Sous un souflle apaisé quand rit la mer sereine,
    Tout mon cœur s’enhardit, et pour l’humide plaine
    La terre est oubliée : ô mer, je viens à toi !
    Mais qu’un grand vent s’élève et réveille l’effroi,
    Que l’écume du flot blanchisse et fasse rage,
    Tout mon amour alors se reprend au rivage ;
    Je ne veux que les bois, et l’ombre et les gazons :
    Le pin, par...

  • Quand il pâlit un soir, et que sa voix tremblante
    S’éteignit tout à coup dans un mot commencé ;
    Quand ses yeux, soulevant leur paupière brûlante,
    Me blessèrent d’un mal dont je le crus blessé ;
    Quand ses traits plus touchants, éclairés d’une flamme
                Qui ne s’éteint jamais,
    S’imprimèrent vivants dans le fond de mon âme ;
                Il n’...

  • — « Sur les bois oubliés quand passe l’hiver sombre,
    Tu te plains, ô captif solitaire du seuil,
    Que ce sépulcre à deux qui fera notre orgueil
    Hélas ! du manque seul des lourds bouquets s’encombre.
      
    Sans écouter Minuit qui jeta son vain nombre,
    Une veille t’exalte à ne pas fermer l’œil
    Avant que dans les bras de l’ancien fauteuil
    Le suprême...

  • Quand vient le soir,
    Des cygnes noirs,
    Ou des fées sombres,
    Sortent des fleurs, des choses, de nous
    Ce sont nos ombres.

    Elles avancent ; le jour recule.
    Elles vont dans le crépuscule,
    D'un mouvement glissant et lent.
    Elles s'assemblent, elles s'appellent,
    Se cherchent sans bruit,
    Et toutes ensemble,
    De leurs petites ailes,...

  • Je disais : " Quand viendra la reine que j'attends,
    La grande fiancée aux mains victorieuses,
    Je trouverai des paroles mystérieuses,
    Des mots couleur de ciel, d'aurore et de printemps.

    " Et, comme réveillé d'un sommeil de cent ans
    Par le baiser de ses lèvres impérieuses,
    Pour dire nos amours pâles et merveilleuses
    Je chanterai d'antiques hymnes...

  • Quand l'ombre menaça de la fatale loi
    Tel vieux Rêve, désir et mal de mes vertèbres,
    Affligé de périr sous les plafonds funèbres
    Il a ployé son aile indubitable en moi.

    Luxe, ô salle d'ébène où, pour séduire un roi
    Se tordent dans leur mort des guirlandes célèbres,
    Vous n'êtes qu'un orgueil menti par les ténèbres
    Aux yeux du solitaire ébloui de sa...

  • Quand l'oxyde aura mis sur les plombs du vantail
    La morsure affamée, et quand le froid des givres,
    Sous sa flore enroulée aux méandres des guivres
    Aura fait éclater les feuilles du vitrail.

    Quand les blés jauniront les îles du corail,
    Quand les émaux figés sur le galbe des cuivres
    Auront été brisés par des lansquenets ivres,
    Quand la lime des temps...