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    Le grand soleil, plongé dans un royal ennui,
    Brûle au désert des cieux. Sous les traits qu’en silence
    Il disperse et rappelle incessamment à lui,
    Le chœur grave et lointain des sphères se balance.

    Suspendu dans l’abîme il n’est ni haut ni bas ;
    Il ne prend d’aucun feu le feu qu’il communique ;
    Son regard...

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    Du sein des flots la lune émerge blonde et belle !
    L’éther ouvre à son vol de claires profondeurs.
    Sous ses flammes d’argent l’Océan étincelle.
    L’horizon est baigné de rêveuses splendeurs.

    O lune ! sur cette onde où ton globe se mire,
    Je vogue, et ma pensée à toi monte et t’admire.
    Et je te vois flotter, calme dans le ciel pur,
    Comme un...

  • La Joue splendide émerge des mousselines d’aubépine.

    — Charitable Epanoui manifesté par uniment ceci
    de rose, te serai-je, au cours de ta ronde quotidienne,
    te serai-je, par mon faire indigne ou par mon faire
    sage, te serai-je une caresse ou te serai-je le soufflet,
    Soleil, et t’attarderas-tu devant mon menu geste-à-baisers
    de Josué charmant ou bien...

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    O poëte niais ! pauvre arrangeur de rimes,
    Tu veux chanter, dis-tu, mais qui t’écoutera ?
    Eh ! les vers aujourd’hui se débitent en primes ;
    On en fait à la toise et nul ne les lira.

  • Drapée en sa cape de veuve,
    S'efface à pas discrets la nuit
    Voici poindre la clarté neuve
    De l'aube qui s'épanouit.

    Elle promène sur les choses
    Son beau regard silencieux
    Et la mer se jonche de roses
    Sous la caresse de ses yeux.

    Pour son adorable venue
    Le désert du ciel s'est paré...
    Salut, déesse chaste et nue,
    Fille de l'...

  • - Je veux bien vivre ; mais vraiment,
    L'Idéal est trop élastique !

    - C'est l'Idéal, son nom l'implique,
    Hors son non-sens, le verbe ment.

    - Mais, tout est conteste ; les livres
    S'accouchent, s'entretuent sans lois !

    - Certes, l'Absolu perd ses droits,
    Là où le Vrai consiste à vivre.

    - Et, si j'amène pavillon
    Et repasse au...

  • (II)

    Ineffable lever du premier rayon d'or,
    Du jour éclairant tout sans rien savoir encor!
    O matin des matins ! amour ! joie effrénée
    De commencer le temps, l'heure, le mois, l'année !
    Ouverture du monde ! instant prodigieux !
    La nuit se dissolvait dans les énormes cieux
    Où rien ne tremble, où rien ne pleure, où rien ne souffre ;
    Autant que le...

  • Assez dormir, ma belle !
    Ta cavale isabelle
    Hennit sous tes balcons.
    Vois tes piqueurs alertes,
    Et sur leurs manches vertes
    Les pieds noirs des faucons.

    Vois écuyers et pages,
    En galants équipages,
    Sans rochet ni pourpoint,
    Têtes chaperonnées,
    Traîner les haquenées,
    Leur arbalète au poing.

    Vois bondir dans les herbes
    ...