Inque situm furtim musa trahebat opus!

Ovidius.

I

Au temps que j’étais pur et tout léger d’années.
Quand, pensif écolier, je rêvais dans les bois,
Toutes les nuits, alors, de roses couronnées,
S’inclinaient sur ma couche, avec de douces voix...

J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu.
Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne ;
Ton nom m’en avertit par un trouble imprévu,
Ton âme s’y cachait pour éveiller la mienne.
Je l’entendis un jour, et je perdis la voix ;
Je l’écoutai longtemps, j’oubliai...

J’étais gai et l’église était calme au soleil,
près des jardins où sous la vigne il y a des roses,
près de la route où les oies et les canards causent,
les belles oies qui sont blanches comme du sel.

Sainte-Suzanne est le nom du petit village :
c’est un nom doux...

I

J'étais le vieux rôdeur sauvage de la mer,
Une espèce de spectre au bord du gouffre amer ;
J'avais dans l'âpre hiver, dans le vent, dans le givre,
Dans l'orage, l'écume et l'ombre, émit un livre,
Dont l'ouragan, noir souffle aux ordres...

Poet: Victor Hugo

J’étais monté plus haut que l’aigle et le nuage :
Sous mes pieds s’étendait un vaste paysage,
Cerclé d’un double azur par le ciel et la mer,
Et les crânes pelés des montagnes géantes
En foule jaillissaient des profondeurs béantes,
Comme de blancs écueils sortant du...

Lorsque j'étais encore un tout jeune homme pâle,
Et que j'allais entrer dans la lice fatale,
Sombre arène où plus d'un avant moi se perdit,
L'âpre Muse aux regards mystérieux m'a dit :
— Tu pars ; mais quand le Cid se mettait en campagne
Pour son Dieu, pour son...

Poet: Victor Hugo

Une nuit que j’étais près d’une affreuse Juive,
Comme au long d’un cadavre un cadavre étendu,
Je me pris à songer près de ce corps vendu
À la triste beauté dont mon désir se prive.

Je me représentai sa majesté native,
Son regard de vigueur et de grâces armé,...

 
Si j’étais Dieu, la mort serait sans proie,
Les hommes seraient bons, j’abolirais l’adieu,
Et nous ne verserions que des larmes de joie,...

Enfant, je m'étais dit et souvent répété :
" Jamais, jamais d'amour ; c'est assez de la gloire ;
En des siècles sans nombre étendons ma mémoire,
Et semons ici-bas pour l'immortalité. "

Plus tard je me disais : " Amour et volupté,
Allez, et gloire aussi ! que m'...

J'étais un arbre en fleur où chantait ma Jeunesse,
Jeunesse, oiseau charmant, mais trop vite envolé,
Et même, avant de fuir du bel arbre effeuillé,
Il avait tant chanté qu'il se plaignait sans cesse.

Mais sa plainte était douce, et telle en sa tristesse
Qu'à...