Grenouilles,
           Grenouilles,
Regonflez vos goîtres flétris.
Les vieilles du ciel ont repris
Un tapon d’étoupe au fil gris
Pour en regarnir leurs quenouilles ;
Et voici, sous leur doigt subtil,
Choir le nuage fil à fil.
Il pleut...

 
J’aime à me figurer, de longs voiles couvertes,
Des vierges qui s’en vont chantant dans les chemins
Et qui sortent d’un temple avec des palmes vertes
Aux mains ;

Un rêve qui me plaît dans mes heures moroses,
C’est un groupe d’enfants dansant dans l’ombre en...

Poet: Victor Hugo

 
Proscrit, regarde les roses ;
Mai joyeux, de l’aube en pleurs
Les reçoit toutes écloses ;
Proscrit, regarde les fleurs.

— Je pense
Aux roses que je semai.
Le mois de mai sans la France,
Ce n’est pas le mois de mai.

Proscrit, regarde les...

Poet: Victor Hugo

 
     De ce vieux vin que je révère
     Cherchez un flacon dans ce coin.
     Çà, qu’on le débouche avec soin,
     Et qu’on emplisse mon grand verre.

           Chantons Io Paean !

     Le Léthé des soucis moroses
     Sous son beau cristal est...

 

À Bacchus, biberon insigne,
Crions : « Masse ! » et chantons en chœur :
« Vive le pur sang de la vigne
Qui sort des grappes qu’on trépigne !
Vive ce rubis en liqueur ! »

Nous autres prêtres de la treille,
Du vin nous portons les couleurs ;
...

Sous l’ombrage d’une treille,
Au coin d’un verger normand,
À la troisième bouteille
Je m’endormis doucement.
Dans mon sommeil m’apparurent
Tous les ivrognes qui burent
Le jus qu’inventa Noé.
Bacchus, une coupe pleine
Soutenait le vieux Silène...

Quelqu’un connaît-il ma cachette ?
C’est un lieu calme, où le ciel clair
En un jour de printemps rachète
Le mal qu’ont fait six mois d’hiver.

Il y coule des eaux charmantes ;
L’iris y naît dans les roseaux ;
Et le murmure des amantes
S’y mêle au babil...

Poet: Victor Hugo

 
Jamais elle ne raille,
Étant un calme esprit ;
Mais toujours elle rit. -
Voici des brins de mousse avec des brins de paille ;
Fauvette des roseaux,
Fais ton nid sur les eaux.

Quand sous la clarté douce
Qui sort de tes beaux yeux,
On passe...

Poet: Victor Hugo

Triste exilé, qu’il te souvienne
Combien l’avenir était beau,
Quand sa main tremblait dans la tienne
        Comme un oiseau,
 
Et combien ton âme était pleine
D’une bonne & douce chaleur,
Quand tu respirais son haleine
        Comme une fleur...

 
Qui veut avant le point du jour,
Vers le bien-aimé de mon âme,
Parce que je languis d'amour,
Porter le secret de ma flamme ?

 O mon cœur, à quel cœur discret
Peux-tu te confier encore ? -
Si l'alouette a mon secret,
Elle ira le dire à l'Aurore...