Nue, et ses beaux cheveux laissant en vagues blondes
Courir à ses talons des nappes vagabondes,
Elle dormait, sereine. Aux plis du matelas
Un sommeil embaumé fermait ses grands yeux las,
Et ses bras vigoureux, pliés comme des ailes,
Reposaient mollement sur des flots de dentelles.
Or, la capricieuse avait, d'un doigt coquet,
Sur elle et sur le...
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Une négresse, par le démon secouée,
Veut goûter une triste enfant aux fruits nouveaux,
Criminelle innocente en sa robe trouée,
Et la goinfre s’apprête à de rusés travaux.Sur son ventre elle allonge en bête ses tétines,
Heureuse d’être nue, et s’acharne à saisir
Ses deux pieds écartés en l’air dans ses bottines,
Dont l’indécente vue augmente son... -
La maison serait pleine de roses et de guêpes.
On y entendrait, l’après-midi, sonner les vêpres ;
et les raisins couleurs de pierre transparente
sembleraient dormir au soleil sous l’ombre lente.
Comme je t’y aimerais. Je te donne tout mon cœur
qui a vingt-quatre ans, et mon esprit moqueur,
mon orgueil et ma poésie de roses blanches ;
et pourtant je ne... -
Dans l'air comme embrasé par une chaleur d’âtre
Elles ont un arôme aussi lourd qu’ennuyé,
Et par un crépuscule orageux et mouillé
La blanche devient jaune, et la jaune, verdâtre.Mais à l’aube naissante, à. cette heure où la nuit
Abandonne en pleurant les étoiles éteintes,
Chacune se déplisse et rallume ses teintes,
Et leur parfum s’envole... -
À F. Le Play.Les hommes autrefois avaient des foyers stables ;
On gardait la maison où sa mère mourait ;
Et, quand d’autres enfants naissaient, on se serrait
Moins à l’aise, mais plus unis, aux mêmes tables.Les meubles très anciens étaient de vieux amis :
Les fauteuils allongés et les chaises massives
Où jadis... -
Les roses d’Ispahan dans leur gaîne de mousse,
Les jasmins de Mossoul, les fleurs de l’oranger
Ont un parfum moins frais, ont une odeur moins douce,
Ô blanche Leïlah ! que ton souffle léger.Ta lèvre est de corail, et ton rire léger
Sonne... -
Poète, entre les fleurs de l’âme il en est une
Qui croît aux vents aigus de l’adverse fortune.
Quand rêve, espoir, printemps, tout s’est évanoui,
Dans le jardin aride où l’âme se recueille,
C’est la suprême fleur, hélas ! que l’homme cueille,
Et cette fleur a nom la rose de l’oubli.Pour nos cœurs dépouillés il est des roses noires.
Sur les... -
Au comte Charles de Montblanc.
Dans le vallon qu’arrose
L’eau courante, j’allais
Un jour cueillir la rose,
La rose et les muguets.Mon amoureux qui n’ose
Rien me dire, y passait ;
Moi je cueillais la rose,
La rose et le muguet.« Oh vilain ! oh morose ! »
Au nez je lui riais,
Tout en cueillant la rose... -
Sur ce monde indigent et triste
Trône quelque démon rieur ;
Mais Dieu, qui toujours nous assiste,
Nous donne un monde intérieur.Sa pitié prodigue, inquiète,
Mit à l’abri d’un sort moqueur
Des mines d’or dans notre tète,
De frais jardins dans notre cœur.Là point de maux, point de famine ;
Chacun y gagne son denier ;
Le... -
LA brise est chaude comme une haleine de flamme.
Le vent passionné palpite et porte une âme
De soleil violent et d’aromes légers
Qu’il prit dans les jardins, les champs et les vergers.
Juin, qui sommeille encore aux cœurs fermés des roses,
Se parfume aux derniers rameaux des lilas roses.
L’ardent Printemps prépare une fête à l’Été.
Riches d’...